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Paul Verlaine

Paul Verlaine est un écrivain et poète français du xixe siècle, né à Metz (Moselle) le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896 (à 51 ans). Il s'essaie à la poésie et publie son premier recueil, Poèmes saturniens en 1866, à 22 ans. Sa vie est bouleversée quand il rencontre Arthur Rimbaud en septembre 1871. Leur vie amoureuse tumultueuse et errante en Angleterre et en Belgique débouche sur la scène violente où, à Bruxelles, Verlaine blesse superficiellement au poignet celui qu'il appelle son « époux infernal » : jugé et condamné, il reste en prison jusqu'au début de 1875, renouant avec le catholicisme de son enfance et écrivant des poèmes qui prendront place dans ses recueils suivants : Sagesse (1880), Jadis et Naguère (1884) et Parallèlement (1889). Usé par l'alcool et la maladie, Verlaine meurt à 51 ans, le 8 janvier 1896, d'une pneumonie aiguë. Il est inhumé à Paris au cimetière des Batignolles (11e division). Archétype du poète maudit, Verlaine est reconnu comme un maître par la génération suivante. Son style — fait de musicalité et de fluidité jouant avec les rythmes impairs — et la tonalité de nombre de ses poèmes — associant mélancolie et clairs-obscurs — révèlent, au-delà de l'apparente simplicité formelle, une profonde sensibilité, en résonance avec l'inspiration de certains artistes contemporains, des peintres impressionnistes ou des compositeurs (tels Reynaldo Hahn, Gabriel Fauré et Claude Debussy, qui mettront d'ailleurs en musique plusieurs de ses poèmes). Enfance Après treize ans de mariage, Nicolas-Auguste Verlaine et son épouse Élisa-Stéphanie Dehée donnent naissance, le 30 mars 1844, au 2 rue de la Haute-Pierre, à Metz, à un fils qu'ils prénomment Paul-Marie en reconnaissance à la Vierge Marie pour cette naissance tardive, Élisa ayant fait auparavant trois fausses couches. Catholiques, ils le font baptiser en l'église Notre-Dame de Metz. Paul restera le fils unique de cette famille de petite-bourgeoisie assez aisée qui élève aussi, depuis 1836, une cousine orpheline prénommée Élisa. Son père, militaire de carrière, atteint le grade de capitaine avant de démissionner de l'armée en 1851 : la famille Verlaine quitte alors Metz pour Paris. Enfant aimé et plutôt appliqué, il est mis en pension à l'institution Landry, 32 rue Chaptal, les enfants pensionnaires à Landry suivent leurs cours au lycée Condorcet. Paul Verlaine devient un adolescent difficile, et obtient finalement son baccalauréat en 1862. Entrée dans la vie adulte C'est durant sa jeunesse qu'il s'essaie à la poésie. En effet, en 1860, la pension est pour lui source d'ennui et de dépaysement. Admirateur de Baudelaire, et s'intéressant à la faune africaine, il exprime son mal-être dû à l'éloignement de son foyer, à travers une poésie dénuée de tout message si ce n'est celui de ses sentiments, Les Girafes. « Je crois que les longs cous jamais ne se plairont/ Dans ce lieu si lointain, dans ce si bel endroit/ Qui est mon Alaska, pays où nul ne va / Car ce n'est que chez eux que comblés ils seront ». Ce court poème en quatre alexandrins reste sa première approche sur le domaine poétique, même s'il ne sera publié qu'à titre posthume[réf. nécessaire]. Bachelier, il s'inscrit en faculté de droit, mais abandonne ses études, leur préférant la fréquentation des cafés et des cercles littéraires parisiens. Il s'intéresse plus sérieusement à la poésie et, en août 1863, une revue publie son premier poème connu de son vivant : Monsieur Prudhomme, portrait satirique du bourgeois qu'il reprendra dans son premier recueil. Il collabore au premier Parnasse contemporain et publie à 22 ans en 1866 les Poèmes saturniens qui traduisent l'influence de Baudelaire, mais aussi une musique personnelle orientée vers « la Sensation rendue ». En 1869, paraît le petit recueil Fêtes galantes, fantaisies inspirées par les toiles des peintres du xviiie siècle que le Louvre vient d'exposer dans de nouvelles salles. Dans la même période, son père, inquiet de son avenir, le fait entrer en 1864 comme employé dans une compagnie d'assurance, puis, quelques mois plus tard, à la mairie du 9e arrondissement, puis à l'hôtel de ville de Paris. Il vit toujours chez ses parents et, après le décès du père en décembre 1865, chez sa mère avec laquelle il entretiendra une relation de proximité et de violence toute sa vie. Paul Verlaine est aussi très proche de sa chère cousine Élisa, orpheline recueillie dès 183611 et élevée par les Verlaine avec leur fils : il souhaitait secrètement l'épouser, mais elle se marie en 1861 avec un entrepreneur aisé (il possède une sucrerie dans le Nord) ce qui permettra à Élisa de l'aider à faire paraître son premier recueil (Poèmes saturniens, 1866). La mort en couches en 1867 de celle dont il restait amoureux le fait basculer un peu plus dans l'excès d'alcool qui le rend violent : il tente même plusieurs fois de tuer sa mère. Celle-ci l'encourage à épouser Mathilde Mauté qu'un ami lui a fait rencontrer : il lui adresse des poèmes apaisés et affectueux qu'il reprendra en partie dans La Bonne Chanson, recueil publié le 12 juin 1870, mais mis en vente seulement l'année suivante, après la guerre et la Commune. Le mariage a lieu le 11 août 1870 (Paul a 26 ans et Mathilde, 17) ; un enfant, Georges, naît le 30 octobre 1871. Les références Wikipedia—https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Verlaine

Gustavo Adolfo Bécquer

Gustavo Adolfo Domínguez Bastida (Sevilla, 17 de febrero de 1836 – Madrid, 22 de diciembre de 1870), más conocido como Gustavo Adolfo Bécquer, fue un poeta y narrador español, perteneciente al movimiento del Romanticismo, aunque escribió en una etapa literaria perteneciente al Realismo. Por ser un romántico tardío, ha sido asociado igualmente con el movimiento posromántico. Aunque, mientras vivió, fue moderadamente conocido, sólo comenzó a ganar verdadero prestigio cuando, tras su muerte, fueron publicadas muchas de sus obras. Nació en Sevilla el 17 de febrero de 1836, hijo del pintor José Domínguez Insausti, que firmaba sus cuadros con el apellido de sus antepasados como José Domínguez Bécquer. Sus más conocidos trabajos son sus Rimas y Leyendas. Los poemas e historias incluidos en esta colección son esenciales para el estudio de la Literatura hispana, siendo ampliamente reconocidos por su influencia posterior. Gustavo Adolfo por Mercedes de Velilla En la margen del Betis murmurante, donde expira, entre flores, la onda inquieta, en monumento digno del poeta, su hermosa estatua se alzará triunfante. El sol le ofrecerá nimbo radiante; sus perfumes, la rosa y la violeta; la aurora, el beso de su luz discreta; el crepúsculo, brisa refrescante. Traerá la noche espíritus y hadas, visiones de Leyendas peregrinas que poblarán las verdes enramadas. La alondra y las obscuras golondrinas cantarán, al lucir las alboradas, las Rimas inmortales y divinas.

Carilda Oliver Labra

Carilda Oliver Labra. Poetisa cubana, Premio Nacional de Literatura (1998), nacida el 6 de julio de 1922 en la occidental provincia de Matanzas, específicamente en la capital provincial, ciudad en la que siempre ha vivido. Graduada de Derecho en la Universidad de La Habana en 1945, profesión que ha ejercido en su ciudad natal junto a su pasión por la poesía. Carilda Oliver: “He sido muy feliz siendo poeta” En el programa "Con 2 que se quieran”, 4 enero 2011. Amaury Pérez: Muy buenas noches, estamos en Con 2 que se quieran, ahora aquí en 5ta. Avenida y calle 32, en el barrio de Miramar, en los maravillosos Estudios Abdala. Una noche verdaderamente especial. Durante todos estos programas que han transcurrido hasta este momento, ustedes la pidieron, ustedes la solicitaron mediante sus correos, mediante sus cartas. Es la persona que más han solicitado. Yo lo he ido apuntando y así es y aquí está. Los ojos más bellos de la literatura cubana: una mujer extraordinariamente hermosa, una escritora de excelencia. Para cualquiera es emotivo presentarla, tenerla delante. Una mujer que irradia dulzura y ternura, la eminente poetisa cubana, matancera Carilda Oliver Labra. Señora, un beso, otro beso. Muchas gracias, yo estoy abrumado por su presencia, usted ha venido de Matanzas a estar aquí con nosotros y yo no puedo menos que rendirme a sus pies y agradecérselo. Y empezaremos nuestra conversación, más que una entrevista. Usted es Premio Nacional de Literatura. La pregunta sería. ¿Llegó a tiempo el Premio Nacional de Literatura? Carilda. Claro que te voy contestar y te voy a tratar de tú. Aunque no hemos tenido mucha oportunidad de vernos personalmente, pero te he visto en escena, en televisión, y en sueños… Amaury. Ay, Dios mío… Carilda. Primero, tengo que agradecerte la invitación. Amaury. Gracias, muchas gracias. Carilda. Después, todas esas cosas lindísimas que has dicho y en el transcurso del programa creo que se podrá ir haciendo presente esa admiración que es mutua. Amaury. Ah, muchas gracias. Carilda. Y que hoy para que no parezca esto una asociación de bombos recíprocos no te puedo hablar de tu música ni de tus interpretaciones. Yo creo que tú eres un poeta, lo de músico, ¡figúrate!, pero bueno, vamos a pasar a responder tu pregunta. Que si llegó, si tomó mucho tiempo… eso, en cierto modo, pues no es descorazonador, diríamos, no, no me angustió. Fui candidata 9 veces, o sea, 9 años seguidos, al Premio Nacional de Literatura que es, como todo el mundo sabe, el premio más importante en la carrera de un escritor. Fueron escogiendo los mejores escritores de Cuba, no puedo decir otra cosa, pero bueno, mi turno no llegaba y yo pensaba: bueno, es que yo no soy tan buena, yo no soy tan buena. Además, yo había tenido mis problemas, había estado fuera de las editoriales mucho tiempo, y decía: esto puede ser que influencie, era un tribunal, parece que compasivo, digo yo, también, a lo mejor no era tan justo, pero dirían: esta pobre mujer lleva 9 años esperando seguramente. No, yo ya no esperaba. Amaury. ¿No esperaba nada? Carilda. Cuando me lo dieron, que me llamaron por teléfono para decírmelo. Dije: Esto es una broma, esto es una broma. ¡Pero era verdad! Amaury. ¡Pero era verdad!, ¿y lo disfrutó? Carilda. ¡Ay, cómo no! Lo disfruté muchísimo, lo estoy disfrutando todavía. Sí, sí, porque eso, claro, es un compromiso, es un compromiso histórico y algo que nos obliga a tratar de ser mejores y ya va siendo imposible porque la vida…, con sus añitos… es posible que nos esté haciendo daño. Desde luego, nosotros no nos damos cuenta. Esto es una coquetería, esto es una coquetería. Amaury. Téngala conmigo porque la está teniendo con los televidentes nada más. La veo que mira para la cámara y para la cámara, tiene que hablarme a mí, porque me estoy poniendo celoso. Carilda. Yo coqueteo con los televidentes… (risas) Amaury. (risas) Yo estoy celoso, me estoy poniendo celoso de la cámara. Carilda. No esté celoso, porque más celoso estará mi marido. (risas) Amaury. Ah, sí, seguramente. (risas) Carilda. Y ten cuidado no se cele de ti porque es karateca. (risas) Amaury. ¡No. no, no! Además él sabe que usted es un amor antiguo mío, pero somos amigos, usted lo sabe, Raydel y yo somos amigos, así que no se va a poner celoso conmigo. Ahora, ¿Usted escogió el camino de la poesía, Carilda, o la poesía la escogió a usted? Carilda. Bueno, yo creo que sería presumir mucho por parte mía si digo que yo fui escogida por la poesía. Es presumir mucho. Lo que pasa que de ella no me he podido escapar. He sido muy feliz siendo poeta. No hubiera querido ser nada más. Amo mucho la música, la plástica. He intentado y hasta me he graduado de pintura, pero realmente… el ballet, bueno, el teatro, todas las artes, pero, sinceramente, nací poeta. Y quiero decirlo, porque cuando yo tenía tres o cuatro años, que mi mamá me cantaba canciones, ella me contó mucho tiempo después, que yo le modificaba las canciones. Amaury. ¿Ah, sí? Carilda. La letra. Amaury. La letra, claro. Carilda. Entonces ella dijo: esta niña va a ser poeta y parece que resultó. Claro, la poesía es muy difícil y me parece a mí, que aparte del don que se pueda traer, hay que estudiar y tiene mucho que ver con la técnica y con la inspiración. Amaury. Ahí vamos, porque hay gente que dice que no hace falta… que la inspiración no existe. Carilda. ¡Pero imagínate!, si no existiera la inspiración, si fuera una cosa de aprender lo que es un endecasílabo, lo que es una cesura, lo que es un hemistiquio, lo que es un soneto, lo que es un verso libre, pues sería, vaya, un objetivo de cualquier persona. Amaury. Cualquier persona se aprende la técnica y ya es poeta. Carilda. Claro y yo creo que…, claro, se pueden hacer versos, pero una cosa es un verso y otra cosa es la poesía, ¿eh?. El verso es la línea, el fondo, la forma, diría, la forma. Pero tú puedes aprender…, bueno, vamos a hacer octosílabos. Me voy a leer a Martí, que era magnífico poeta y que además en los octosílabos, sí, era un príncipe y ya, voy cogiendo esa música, que la rima y el ritmo, pero si se te fue la chispa, que es el fuego, es más que el fuego, la luz del verso, no puedes hacer poesía. Bueno, no es una lección, es una idea muy humilde. Amaury. Bueno, es humilde pero está viniendo de Carilda Oliver. No me lo está diciendo cualquiera. Carilda. Además, no creo que sea una idea mía, yo creo que todos los que escribimos sabemos. Hay veces que uno hace cosas que rompen. Que las miras después y en todo…, uno puede escribir un poema breve de cinco o seis o siete versos y tener un solo verso, y si merece la pena lo dejamos porque es imposible que, por ejemplo, en un soneto, los catorce versos sean buenos. Ahora, me preguntaba Gabriela Mistral. ¡Ay, bueno, es una anécdota…! Perdóname que te la haga. Amaury. No, ¡pero qué bueno que me la hace! Por favor. Carilda. Bueno, el día que tuve la dicha de conocerla, porque fue tan generosa Dulce María Loynaz, nuestra enorme, inmensa, inolvidable Dulce María, que me invitó a su casa, la primera vez que fui, porque estaba allí Gabriela. Y entonces Gabriela, después que leyó unos sonetos míos, me dice: con una modestia, que es digna de mencionar. No por lo que entraña el elogio que me hizo, sino por la forma en que ella asumió el conocimiento de una muchacha, como ella llamaba “del campo”, una niña del campo, porque yo era matancera y Dulce María era capitalina y además una mujer que había viajado y yo no había salido de Tirry 81 (calle y número de la casa de Carilda en Matanzas). Amaury. De Calzada de Tirry 81. Carilda. Fue después que he viajado y he tenido otras oportunidades, pero bueno, Tirry 81, para mí, es el planeta. Entonces, ¿qué pasa?, que ella me dice: ¿Y cómo cierra tan bien los sonetos? porque en el último verso a mí siempre se me va la fuerza, palabra textuales de Gabriela, y luego paso mucho trabajo y a fin de cuentas lo dejo así, ¿pero cómo tú lo cierras tan bien? y entonces yo le dije: A mí, casi siempre, los sonetos me suceden en los momentos menos oportunos. Estoy sentada en el cine viendo una película, y me viene un solo verso y me levanto y voy para mi casa a escribir, porque después se me olvida. Es así, eso va en aumento, porque la inspiración es como que se consolida en determinado momento, ya es como una efervescencia, como una llama que crece, que crece y que luego no se vuelve humo, sino se vuelve luz. Y ese verso de la luz, a veces, aparece en el segundo terceto, en el último, o aparece en el primer cuarteto, en cualquier parte, pero uno tiene que darse cuenta y dice: este es el final y lo pone al final y después empieza la rima de abajo para arriba. Amaury. Nunca había oído que nadie empezara un soneto de abajo para arriba. Carilda. Sí, pero eso es una técnica, que yo no sé si yo la descubrí, yo creo que no, pero es un recurso, es un apoyo, y ahí está el soneto a mi madre. Búscalo. Amaury. ¡A claro, claro! Aquí, este soneto, por ejemplo. (Amaury le acerca el soneto Madre mía que estás en una carta, escrito por Carilda) Carilda. No lo vamos a leer todo completo. Amaury. ¡Léalo completo!. Carilda. Ah, ¿completo? Amaury. Completo. Carilda. Y entonces ustedes verán que el último verso, que no lo voy a decir ahora, es realmente el cierre, pero es que ese fue el primero que yo escribí y no lo puse arriba porque echaba a perder el soneto. Amaury. ¡Qué bárbaro! Carilda. ¿Comprende? él se llama: “Madre mía que estás en una carta”. Madre mía que estás en una carta Y en un regaño antiguo que no encuentro. Quédate para siempre aquí en el centro de la rosa total que no se aparta. Madre mía que estás tan lejos Harta de la nieve y la bruma, Espera que entro a ponerte a vivir con el sol dentro Madre mía que estás en una carta. Puedes darle al misterio alguna cita, Convenir con las sombras hechiceras. Puede ser una piedra que se quita O secarte ahora mismo las ojeras, pero acuérdate madre de tu hijita, ¡No te atrevas a todo, no te mueras! Amaury. ¡Madre santa, es que eso es un poema! ¿Cuán duro fue, ya que me leyó esto, el exilio de sus padres, para usted, que decidió quedarse? Carilda. Bueno, imagínate si fue duro el exilio, que yo los acompañé al aeropuerto y en el momento que el avión despegó, yo me quedé sin habla y sin oír. Y recuperé el habla a las pocas horas y todavía me falta por recuperar, que ya es imposible, de eso hace muchos años, el oído derecho. Yo oigo solo de este oído, del izquierdo, que lo recuperé después, de la impresión. Eso fue muy duro, pero la decisión la tomé sin dame cuenta. Desde que empezaron con el asunto de los pasaportes y tengo que significar que ninguno de los dos era desafecto a la Revolución. Pero se iban en pos de hijos y en pos de nietos. Amaury. Claro. Carilda. Mi papá era abogado y quería sacarme el pasaporte como para embullarme, pero sin decírmelo, siempre me respetaron mucho mi opinión, ni siquiera hicieron presión. Y, era muy triste, porque imagínese, ellos se iban…, aparte del amor, de la compañía, yo estaba en aquel momento sola, no tenía a nadie. Pero yo soy una palma que nací aquí y aquí tengo la raíz y no me podía, de ningún modo cortar las raíces, me quedé, eso fue todo. Amaury. Bueno, ya no sé ni cómo hacer las preguntas. La gente tiene una imagen, la imagen que se quiere crear de Carilda. Pero evidentemente hay una Carilda imaginada y hay una Carilda real. Hay una oculta, la que habita en Tirry 81, la que tiene una familia, la que tiene hace veinte años un compañero, un matrimonio, su esposo. Y hay una que es la que la gente quiere fantasear, que es la que acusan de… los términos son feos, pero la Carilda que dicen que es libertina (Carilda ríe), que cuando uno se pone a buscar los sinónimos de libertina… Y yo, yo puedo dar fe en televisión de que usted es una dama, de que usted es una señora. Carilda. Gracias, gracias. Bueno, eso es hasta simpático, no me ha traumatizado, aunque desde luego, en cierto modo ha tergiversado la personalidad literaria de uno. A mí no me afecta desde el punto de vista personal. A mí…, Carilda, es así, es asao… generalmente los artistas arrastramos una serie de comentarios, que son muy convenientes porque así hablan de nosotros, buscan las poesías, y se venden los libros y entonces uno puede hacer una carrera, pudiéramos decir, vamos a llamarle así a esto de ser poeta, que no es ninguna carrera. Ser poeta es una cosa muy difícil, cuando uno, bueno, quiere serlo de verdad. Entonces ¿qué pasa?, que yo, figúrate, muy jovencita escribí el tal “Me desordeno…” y la gente siguió desordenándose por su cuenta (risas), pero me han echado la culpa a mí de todo. La cantidad de hombres que me han dicho a mí y de mujeres: Ay, le agradezco su Me desordeno, porque con esa poesía yo he enamorado y he hecho, y qué sé yo. Y a mí me da risa, porque esa poesía es hasta inocente, es inocente incluso esa parte que dice: “Cuando quiero besarte arrodillada“, esa parte, la gente le da unas explicaciones… que bueno, no lo voy a decir aquí porque estamos en la televisión (risas), pero los televidentes ya saben de lo que estoy hablando. Entonces…, me van a tachar todo esto… (risas) Amaury. (risas) No le vamos a tachar nada. Carilda. ¿Qué dirá el ICRT? (risas) Amaury. No, no, nada, el ICRT es muy comprensivo con este programa. (risas) Carilda. Ay, perdónenme, pero yo, bueno, soy un poco irreverente, pero buena muchacha. (risas) Lo de muchacha es peor que lo de irreverente (risas). Amaury. (risas) ¡Señora, señora, señora! Carilda. Bueno, chico, pero me estoy divirtiendo un poco. (risas) Amaury. Claro que sí, diviértase. Carilda. En estos programas hay que reírse también. Amaury. Claro, no se puede ser tan grave… Carilda. A veces tenemos que llorar por cosas…, que tampoco debiéramos llorar… Amaury. No, pero si yo lo que la quiero es ver divertida. ¿Cómo llorando? No, yo no quiero verla llorando. Carilda. Estoy divertida, pero es culpa tuya, porque yo no sé qué vueltas me has dado, que mira dónde me has puesto (risas), porque yo no iba a venir a ningún programa. Bueno, entonces me atreví a celebrar las piernas de los hombres, de un hombre. Amaury. De uno, claro, no de los hombres. Carilda. En uno están todos los demás. Entonces la boca, los ojos, vaya, decirles piropos a los hombres. Porque siempre eran a las mujeres y bueno, pues yo rompí con eso, porque yo no veo nada en eso de extraordinario, ni de cosas subversivas, irreverentes, que estoy faltando el respeto, porque piensan que estoy hablando de una cosa carnal. Y el amor es espiritual y carnal y tiene que integrarse de las dos cosas, porque si no realmente no responde a la verdadera esencia del amor. Y bueno, todas esas cosas empezaron a traerme, aparte de algunas cosas de la vida de uno, que se han ido deformando y se han exagerado cosas y pasiones. Han inventado cosas con Hemingway, que no pasó nada en lo absoluto, ese era un hombre muy caballeroso, que me dio un elogio, un piropo delante de periodistas y eso empezó a dar vueltas, es un ejemplo que pongo. Y bueno, a cada rato pues a la gente le ha parecido muy natural que yo tenga romances de acuerdo con los versos que he escrito y esos versos están escritos para mis esposos, para las personas que yo he amado y que me han amado. Mi vida ¡figúrate!, en la Ciudad de Matanzas, que es una ciudad como todo el mundo sabe, como todas las provincias de Cuba. Yo allí salía sola con mi novio, cosa que la gente no hacía, mi familia me lo permitía. Estoy hablando de los años 50. Mi primer matrimonio data del 52. Íbamos a sentarnos en el parque…, allí lo más que hacíamos era cogernos las manos. El primer noviazgo mío eran dos días a la semana por la noche, dos horas, y mi mamá sentada cerca, que uno no se podía dar ni un beso porque, ¡imagínate!, ella, cuando ya el novio se iba, se paraba a la mitad del zaguán y ya. Esas cosas de la época…, que ahora los jóvenes disfrutan de otra libertad que ¡bienvenida sea!, porque creo que todo aquello era… Mi mamá era de una educación española. Mis abuelos eran españoles, por parte de madre, pero siempre mi madre, a pesar de haberse educado en aquel sitio, me respetaba, me veía como…, ella decía que no se podía interferir en la vida de los hijos hasta el extremo de querer dirigirlos en todo, que había que dejarles que respiraran el aire de la libertad, que ella no lo había tenido de niña, que siempre estaba con la religión a cuestas. Y, fíjate que todo eso no juega con que después yo escribiera determinados versos, pero a lo mejor era aquel hálito que había en mi casa de respeto lo que me hizo soltarme como un pájaro y volar. Amaury. Y no como un papalote donde hay una cuerda. Porque el papalote parece que está libre, pero hay una cuerda que lo ata. Carilda. Exacto, perfecta la imagen, perfecta la imagen. No sé si te contesté. Amaury. Sí, claro que me contestó. No, me contestó, y de más, qué maravilla. Carilda. Me he casado tres veces. Estuve muchos años sin compañía. Luego llegó un muchacho joven a mi vida, demasiado joven. Toda la ciudad se escandalizó y yo diría que toda Cuba, cuando él empezó a visitarme. Él estuvo como dos años detrás de mí y yo me acuerdo que el primer día que lo vi, lo vi a través de la mirilla de la puerta. Esto no viene al caso, pero bueno. (risas) Amaury. ¡No, cómo no!, sí viene al caso, claro, porque yo voy a leer ahora una cosa que él me mandó. Carilda. ¿Ah, sí? Amaury. Así que sí viene al caso, aquí todo viene al caso y, viniendo de usted, más al caso. Carilda. Bueno, pues entonces yo lo veía por la mirilla de la puerta. Él tenía el pelo largo -¡imagínese! que andaba por los veinte años y yo andaba por… vamos a no hablar de eso. Amaury. No lo diga, no lo diga. Carilda. Yo decía: Este es otro de esos muchachos que vienen a leer versos y a enamorarla a una, porque yo tenía una casa y vivía sola en la casa ¿comprende?, y sabe cómo son las cosas, como había tanta diferencia de edad, yo siempre pensaba… y eso es cosa de malicia también del pueblo. Amaury. Claro. Carilda. Que no nos perdonaron cuando empezamos el romance y cuando nos casamos. Siempre creyeron que él venía por la casa y porque ya yo tenía cierto nombre, y que él era un muchacho joven que empezaba. Pero yo me enamoré de aquel muchacho por muchas cosas. La primera porque la soledad es una cosa terrible, llevaba años viuda…, con mis gatos. Amaury. Con sus gatos, ¡qué maravilla! Carilda. Mis gatos que han sido mis nenés, mis niñitos, mis compañeros. Bueno, y ahí me conoció él, que yo no tenía ni un centavo y él tenía una casa magnífica donde vivir, había huido del campo porque quería estudiar y esa es la historia de ese joven. Amaury. Claro, él me manda hoy, porque no pudo venir al programa por asuntos personales vinculados con su mamá. Él me manda una carta que no voy a leer completamente porque es una carta privada, pero hay una parte que sí quiero compartir con Carilda, que no la conoce. Carilda. No. Amaury. Y con ustedes. Él me dice, bueno, empieza con “Mi muy admirado Amaury”, muy cariñoso. “Lamento profundamente no asistir a este encuentro con nuestra Carilda. Pero me ha resultado imposible” (y ahí me explica por qué). Pero después dice: “Gracias Amaury por llevarte contigo, en esta feliz ocasión, a una mujer que ya no se puede amar desde un solo cuerpo, que se ha hecho menos mía para volverse propiedad de un pueblo que ha encontrado en su voz la suya propia, prohijada por un deseo interminable de amor y de vida.” Y después me señala: “Hay muchas personas que tal vez contemplen nuestra pareja como un sacrilegio porque nos hemos atrevido a unir nuestras dos juventudes en un matrimonio que ya casi cumple dos decenios.” Y es lo que usted ahora ha estado aclarando y eso es lo que me manda a decir. Carilda. ¡Qué casualidad! Amaury. Ahora, él toca aquí un punto, fíjese que yo no lo tenía ni anotado… pero él toca un punto donde dice, hablando de usted y, ahora entonces vamos a hablar de este tema que él toca aquí. “Carilda ha tenido fe en la justicia, en el amor de su gente y en el triunfo de la verdad. Por ello en mi opinión creo que durante aquellos casi veinte años de silencio en su amada Patria, no supo en la soledad ser infeliz.” ¿Por qué usted cree que hubo tanto tiempo sin que a usted la consideraran lo que siempre ha sido? Una cubana fiel, digna y amante de su Patria. Carilda. Bueno, hay cosas que realmente ni el tiempo ha podido aclarar. Porque la verdad, sí, yo siempre creí que todo pasaría y así fue, todo pasó. Yo había escrito, inclusive, un Canto a Fidel cuando estaba en la Sierra (Maestra) porque yo había conocido a Fidel en la Universidad. Ya yo terminando en la Universidad, Derecho, él empezaba y, naturalmente, al ver que estaba en la Sierra -y esa historia no la voy a hacer porque es larga y ya se ha publicado- Me emocionó mucho aquel compañero de la adolescencia, que alentaba una Revolución que era una esperanza. Amaury. Un símbolo. Carilda. Y así, bueno, entonces ¿qué sucede? La Revolución realmente triunfó, pero inmediatamente, casi, a mí me dejaron cesante de mi trabajo. ¿Por qué? porque yo trabajaba en la Alcaldía de Matanzas. Porque las revoluciones son convulsas y cuando comienzan, como en este caso, hay un problema: Que hay mucha gente que se sube al carro de la Revolución sin haber estado en esa Revolución. Y a mí me parece que los intermediarios fueron, no en este caso, pero en muchos casos, fueron responsables de las injusticias y de las cosas que pasaron. Yo tuve la suerte de que no me quedé completamente cesante y esto es muy bueno decirlo, porque siempre hay alguien que esclarece, que salva, que es un abogado, que hoy es muy notable y es uno de los defensores de los Cinco Héroes, que es el doctor Rodolfo Dávalos. Amaury. Una eminencia, el doctor Dávalos es una eminencia. Carilda. Una eminencia, jurista y él me dijo: no, no importa, tú eres abogada y tú no has cometido delitos… Además, tú tienes ese Canto a Fidel. Él es poeta, pero de esos silenciosos, que no publican. Amaury. Sí, que no quiere publicar. Carilda. Tremendo escritor ¿eh?. Y entonces, bueno, entré en aquel bufete colectivo y fui muy feliz en ese bufete, porque allí se pudo hacer mucha justicia y muchas cosas y no se habló de nada. Pero el veto empezó a pesar de estar yo en el bufete. Amaury. ¿Y no se le publicaba entonces, nada? Carilda. Esto es bueno que se sepa, ¡qué me van a publicar! Pasaron muchas cosas. Amaury. ¿Y cuándo termina el veto? Carilda. Eso termina un día, un buen día, un magnífico día, estoy nombrando personas porque estoy hablando verdades. Amaury. Claro, claro. Carilda. No me gusta hacer anonimatos, y fulano, y que esto. Bueno y además, estoy muy agradecida al doctor Armando Hart. Amaury. Un hombre de la cultura y un hombre justiciero. Carilda. Se apareció en Matanzas un día, a averiguar qué pasaba conmigo, porque él no entendía nada. Amaury. Pero usted nunca abandonó ninguna Revolución ¿qué Revolución abandonó usted? Carilda. ¿Pero qué abandono?, ¡pero si no me exilé con toda mi familia y seguí en mi Tirry 81 pasando calamidades! Yo he comido sopas de yerbas y todas esas cosas. Yo tuve que arrancar las puertas grandes de Tirry 81, que están detrás de las ventanas, para un pobre guajiro que vino, bueno, no era pobre porque tenía más dinero que yo, y me compró las puertas y con eso comí como seis meses. ¡Ay, pero no soy ninguna víctima! Amaury. ¡Claro que no!. Carilda. No, no, no. Amaury. ¡Y con esos ojos!. Carilda. Muy dichosa. Muy dichosa, porque escribí más poesía que nunca. Escribe y escribe y escribe y feliz, feliz. Amaury. Bueno, aquí están sobre la mesa sus libros… Carilda trajo sus libros. Yo me he quedado frío. Carilda. Tengo 43 libros. Claro, entre ediciones, reediciones y cosas en el extranjero. En España tengo cinco libros. Amaury. Ahora, yo quiero de todas maneras, porque cuando hablamos por teléfono el otro día… Carilda. Sí. Amaury. …Hablamos mucho, hablamos más por teléfono que lo que vamos a hablar en la entrevista. Y pasó una cosa bien curiosa, porque yo le dije que a mí me encantaba este soneto, de Sonetos a mi padre, el cuarto soneto. Carilda. Ah, sí. Amaury. Y usted de pronto me dijo: qué casualidad, era el que le gustaba a ¡Eliseo Diego! Carilda. Sí, así mismo es. Amaury. Léame, por favor, ese soneto. Carilda. ¿El último? Amaury. Ese soneto, el último, yo se lo escogí. Carilda. Este es el Cuarto Soneto de la colección, pero cuatro son demasiado. Tu sillón de dentista ¿dónde está? Tu violín de estudiante, ¿cómo suena? Enterrabas centavos en la arena Y otros nombres ponías a mamá. Guardo todas tus cartas y retratos En mis sueños tu próstata se cura, Por el fondo del patio y la ternura Se encaminan tus últimos zapatos. Quiero verte salir en un postigo, ¡Ven fantasma, ven ángel oportuno! Ya no sé lo que hago, lo que digo, Porque quiero beber el desayuno, Con mi padre, mi sabio, mi mendigo En Calzada de Tirry 81. Amaury. ¡Es que es algo…, es precioso ese soneto! y se ve que a usted le afecta, todavía le afecta. No sé ni para qué lo traje. Fíjese qué rápido vamos a hablar de otro tema. A ver si usted me quiere decir este secreto. En este libro (Amaury le muestra un libro) hay una carta, están sus prosas, aparte que hay una foto aquí tremenda, la foto de la portada, con el pelo corto. Carilda. Está agotado ese libro. Amaury. Ese libro está agotado, ah, bueno. Pero ya uno va teniendo cosas que están agotadas, uno se va quedando con ellas. Pero hay un momento, donde hay varias cartas. Usted no quiere, ya me lo dijo por teléfono, hablar de a quién le había hecho las cartas y yo, por supuesto, respeto eso, pero no puedo privar al televidente de esa Carilda irónica que aparece aquí en un momento de esta carta. Carilda. ¡Ah!, va a leer esa, ¡vale!. Amaury. En un momento de esta carta yo por poquito me…, yo me arrastré cuando la leí la primera vez -carta número 4 se llama-, Te escribo por recomendación de este papel amarillo que vi sobre la mesa y para que me perdones el incumplimiento de la amenaza: El director tropieza con todos los sueños, así que dispuso sin mi permiso, que trabajara hoy de noche. Como te encantan las sorpresas, estarás muy contento de ver a otra mujer y no a la que pronosticó el telegrama. Pues bien, deseo con todos los humores negros de mi venganza, que solo caiga en tus brazos una soprano calva de 190 libras. No vamos a hablar de a quién se la hizo, pero vamos a hablar de esa Carilda maldita, esa Carilda, que vaya, es que no… “Lo que deseo es que caiga en tus brazos una soprano calva de 190 libras“. (risas) Carilda. (risas) Ay, son cosas de la juventud. Amaury. Ahora, ¿cómo fue aquello del tren que viene de Santiago, pasa por Matanzas y una persona que la amaba le ponía mensajes en el tren? ¿Qué cosa es eso, Carilda? Carilda. Ay, pero mira lo que estás sacando hoy. Óyeme, pero ¿cuántos cuentos te han hecho? Qué cosas… Amaury. Pero es que eso es tan bello. Carilda. Bueno, es verdad, es una cosa de…, y estoy hablando del año 50, porque fue el año, lo recuerdo perfectamente, en que salió Al sur de mi garganta. Al sur… nace en el 49, pero se lleva el Premio Nacional de Poesía del 50. Y entonces él es un poeta, por cierto, un poeta muy singular, porque es que tenía muchos oficios y era matemático, era graduado de La Sorbona, de Yale, yo no sé de cuántos lugares. Era un hombre muy talentoso que apareció en Cuba. Y como él quería enamorarse, porque él quería enamorarse de algún modo de alguna cubana, y sobre todo que fuera un amor imposible, digo yo, porque hizo todo lo posible. Yo tenía mi novio, yo era novia de Hugo Ania que era un noviazgo reciente y que después nos casamos. Y entonces, pues… No voy a contar lo que pasó en el medio, porque hubo problemas muy serios. Amaury. No, no. Carilda. Esa es la mitología con que el pueblo cubano me ha adornado a mí, porque ese mito es un adorno. Amaury. Claro. Carilda. La gente quiere que yo sea como me han inventado. Amaury. Exactamente. Carilda. Y realmente yo soy una señora muy respetable, ¡Ay!, ¿qué dije? (se tapa la boca) Amaury. No, sí lo es. Sí, Carilda, sí lo es. Carilda. No, pero es que todo el mundo se va a disgustar. Amaury. No, nadie se va a disgustar. Carilda. ¿Tú crees que no? Amaury. No, nadie se va a disgustar. La gente va a seguir con la mitología que quiera crearse sobre usted. Pero es bueno que de una vez se diga, que lo importante de usted, aparte de su belleza, aparte de su talento, de su simpatía, es su gran obra poética, que es lo que la va a trascender. Y la mitología que la gente se crea sobre los artistas, esa se va a quedar en el camino y lo que va a quedar al final, son estos poemas, son estos libros, eso es lo que va… Carilda. …Ay, Amaury. ¡Qué generoso eres! Amaury. No, generoso no, soy justo con usted. Carilda. Te quiero. Amaury. Carilda ¿Y entonces lo del tren? ¿El tren salía de dónde? Carilda. Él tren venía de Santiago y llegaba a La Habana, aquí, pero claro, pasaba por Matanzas. Y entonces, este escritor, uruguayo, me escribía, después que se fue de Matanzas, me escribía desde allá. Pero él quería que llegaran las cosas tan pronto que iba al último vagón del tren. Ya me lo había advertido por teléfono: por la mañana me decía: Carilda, ahora voy a escribirte un mensaje en la pared del vagón último del tren, bueno, yo iba por la noche cuando llegaba el tren a Matanzas a ver aquello, a leer aquello. ¡Qué lindas cosas escribía! Amaury. Por eso ahí empiezan las historias. Carilda. Y ahí empiezan las historias de Carilda ¿comprende? Amaury. Claro Carilda. Que después de todo son historias muy lindas y no hay por qué renunciar a ellas. Amaury. Pero mire, yo le voy a decir algo. El pueblo cubano, el lector cubano y más que el lector cubano, incluso, el que no la ha leído -que se está perdiendo una de las maravillas del mundo- la quiere a usted, usted es amada. Usted es amada por todo el mundo. Carilda. No, porque amo, porque amo al pueblo. Amaury. Claro, porque eso va y viene, eso es un efecto de ida y vuelta. Ahora, yo quiero, Carilda, porque ya el programa lo estamos terminando. Mire, usted me trajo hoy de regalo la última edición de Al sur de mi garganta, es esta. Carilda. 60 años cumplió el año pasado. Amaury. Con una dedicatoria que es para mi corazón, yo no voy a leer lo que dice, que es muy emocionante y ya yo tengo hace rato los ojos aguados. Pero es que yo traje para que Carilda me firmara… Carilda. …¡Ay, chico!… Amaury. …La edición Príncipe… Carilda. …Eso me emocionó… Amaury. …De Al sur de mi garganta... Carilda. Porque nadie la tiene, porque se hicieron 300 ejemplares. Imagínense, en el año 49. Amaury. Claro, del 49 y esto se lo regala a mi tío Raúl y por supuesto a mi tía María Luisa también, Pascualito, un amigo, el 11 de marzo de 1950. Y aquí está con las ilustraciones. ¿Cuántos libros se hicieron de esta edición? Carilda. 300 nada más. Esto lo pagó mi padre. Entonces no había editoriales. Amaury. ¡Fíjese que es propiedad del autor!. Carilda. Y tuve la suerte de que con ese librito gané el premio. Amaury. Entonces usted me va a hacer el favor de poner su nombre aquí. Y después, porque estamos en televisión, me pone una cosita más, porque eso es un tesoro de la biblioteca nuestra, de mi esposa y mía. Un programa bien emotivo y bien difícil. Esto no se puede creer. Carilda. Es que tú no habías nacido cuando el libro se publicó. Amaury. ¡Claro que no había nacido!. Carilda. Ah, imagínate. Amaury. Pero ya había nacido usted, había nacido su poesía y a lo mejor, quién sabe si yo nací de algún poema de estos. Entonces, ahora va a terminar el programa usted. Yo antes le voy a agradecer su gentileza, su viaje, el suyo y el de sus compañeros que la han traído. Ha sido un programa muy especial. Es además el programa con el que estamos comenzando este año 2011, es el primer programa de enero de 2011. Todavía hay una grata temperatura afuera, hemos acabado de pasar las Navidades…, yo quiero que usted me lea este poema que es uno de los poemas que más me gusta suyo, y que de esa manera despida el programa y le agradezco señora, su poesía, su talante, su genio, su gentileza, su belleza. Su amor a Cuba, su amor a la Patria. Carilda. Gracias, la agradecida soy yo. Gracias. Adiós locura de mis treinta años, Besado en julio bajo luna llena, Al tiempo de la herida y la azucena Adiós mi venda de taparme daños. Adiós mi excusa, mi desorden bello, mi alarma tierna, mi ignorante fruta Estrella transitoria que se enluta, Esperanza de todo por mi cuello. Adiós muchacho de la cita corta, Adiós pequeña ayuda de mi aorta, Tristísimo juguete violentado Adiós verde placer, falso delito Adiós sin una queja, sin un grito Adiós mi sueño nunca abandonado. Amaury. Gracias, Carilda, muchas gracias por existir. Nos veremos pronto. Carilda. Gracias. Petí arregla el vestido de la poeta y Solís verifica que el micrófono permita escuchar con nitidez la voz de Carilda. El programa está por comenzar. Referencias Cuba Debate - www.cubadebate.cu/noticias/2011/01/04/carilda-oliver-he-sido-muy-feliz-siendo-poeta/ BIOGRAFÍA Su primer libro, "Preludio Lírico", fue publicado en Matanzas en 1943. En esta selección de poemas escritos entre 1939 y 1942, ya se hacen presentes: -El amor, con sus devanes, inquietudes, zozobras, desalientos, aciertos, quizás con una pluma inexperta que no sabía dominar emociones e impregnada del entorno un tanto melodramático que a muchos atacaba; -La familia, la abuela, la madre y el padre presentes en un cuadro que no desaparecerá nunca de su obra. Después de obtener el Segundo Lugar en el Concurso Internacional de Poesía, organizado por la National Broadcasting Co. de Nueva York, Estados Unidos, publica en 1949 "Al sur de mi garganta", libro con el que ganó el Premio Nacional de Poesía, al mismo tiempo que trabaja en la biblioteca Gener y del Monte, es declarada Hija Eminente de la Atenas de Cuba. En esa misma temporada culmina sus estudios en la Escuela de Artes Plásticas de Matanzas que la acreditan como profesora de Dibujo, Pintura y Escultura y contrajo nupcias con el abogado y poeta Hugo Ania Mercier, de quien se divorciaría en 1955 tras una relación turbulenta. Tuvo otros 2 matrimonios: Félix Pons, cuya muerte la inspiró para su libro "Se me ha perdido un hombre" y finalmente Raidel Hernández, muy joven, con quien comparte ahora su vida. Se le reconoce una intensa labor como profesora en escuelas de su natal Matanzas, ligando a su amor por el magisterio su trabajo como abogada y su pasión por la poesía. Hasta la actualidad cuenta con 43 publicaciones que incluyen prosa y poesía, más varios premios y reconocimientos. Poemas suyos han sido traducidos al inglés, francés, italiano, ruso, búlgaro, rumano y vietnamita. Desde 1980 funciona en Madrid una Tertulia Poética que lleva su nombre y que, además, convoca anualmente a un Premio Internacional de Poesía. Aunque su obra transmite muchas veces dolor, añoranza o vacío, desde el "Me desordeno amor..." que hizo con tan solo 24 años, su poesía está cargada de sensualidad, desenfado, seducción, y la muestran progresista, liberal y hasta un tanto irreverente. En una ocasión comentó: "Tal vez me colgaron la etiqueta de erótica porque conocen más esa proyección mía que las otras. Es la que escogen los declamadores, la que aparece en programas radiales y aquella que se ha musicalizado y difundido casi sin yo darme cuenta." Ella misma nos da su receta de erotismo: “Hay que renunciar a traducir su misterio. Entre el erotismo y la profanación, entre lo que debe ser y lo que tiene que ser hay una línea divisoria muy fina. Nace, no se aprende”. Referencias Wikipedia - es.wikipedia.org/wiki/Carilda_Oliver Cuba Literaria - www.cubaliteraria.cu/autor/carilda_oliver/biografia.html Ecured - www.ecured.cu/index.php/Carilda_Oliver_Labra

Jorge Eduardo Eielson

Jorge Eduardo Eielson (Lima, 13 de abril de 1924 - Milán, 8 de marzo de 2006) fue un poeta y artista peruano. Hijo de una ciudadana limeña y de un estadounidense de origen escandinavo. Cuando tenía siete años fallece su padre. Desde su juventud manifestó su inclinación hacia distintas formas de arte, incluyendo la literatura, las artes visuales y la música. En 1945 gana el Premio Nacional de Poesía con el poemario Reinos, publicado en la revista Historia dirigida por el historiador nacional Jorge Basadre. Al año siguiente obtiene el III Premio Nacional de Teatro 1948 por una obra titulada Maquillage, parcialmente publicada en la revista Espacio y recientemente publicada en su totalidad en libro. En simultáneo a sus primeros textos literarios realiza sus primeras obras gráficas, exponiendo algunas de estas junto a otros objetos en 1948. Ese año lleva a cabo un viaje a París gracias a una beca del gobierno francés, iniciando con ello una suerte de exilio voluntario de su país, al cual retornaría en muchas, aún cuando cortas oportunidades. Vivió la mayor parte del tiempo en Europa y se asentó en Milán (Italia). Su obra literaria se caracteriza por la búsqueda de la pureza en la expresión, procurando una forma que trascienda las limitaciones de la realidad y del lenguaje. Ello lo llevó a dedicarse además de a las letras, a las artes visuales, entregado a una experimentación vanguardista que le permite un diálogo inédito con algunos aspectos de la cultura precolombina peruana, y tomando particularmente como signo una versión propia del Quipu. Por su trabajo como artista recibió en el Perú el Premio Tecnoquímica en 2004. Al año siguiente participó en el proyecto de arte público Itinerarios del sonido, con una pieza que se presentaba en una parada de autobús en el Paseo del Pintor Rosales, en Madrid. El conjunto de su obra poética se ha editado tres veces con el título Poesía escrita, primero en Lima en 1976, luego México en el año 1989 y posteriormente en Colombia, en 1998. Además, en 2005 la Pontificia Universidad Católica del Perú elaboró una edición especial con toda su obra poética, sumada a selecciones de sus trabajos en prosa y reproducciones de su creación plástica. Junto con los poetas peruanos Blanca Varela, César Calvo, Antonio Cisneros y Luis Hernández, entre otros, es considerado el poeta peruano que mayor influencia ha dejado en el ámbito de la poesía latinoamericana. Poesía: * Reinos (1945) * Canción y muerte de Rolando (1959) * Mutatis mutandis (1967) * Poesía escrita (1976) * Poesía escrita, 2ª edición (1989) * Noche oscura del cuerpo (1989) * Antología (1996) * Nudos, ed. bilingüe (1997) * Poesía escrita, ed. de Martha Canfield (1998) * Sin título (2000) * Celebración (2001) * Canto visibile (2002) * Nudos (2002) * Arte poética, antología (2005) * Del absoluto amor y otros poemas sin título (2005) * De materia verbalis (2005) * Habitación en Roma, ed. de Martha Canfield (2008) * Pytx (2008) * Habitación en Roma, ed. de Sergio Téllez-Pon (Quimera, México, 2009) * Poeta en Roma (2009) Narrativa: * El cuerpo de Giulia-no (1971) * Primera muerte de María (2002) Teatro: * Acto final (1959) * Maquillage. [Obra en dos actos y un prólogo]. Edición y presentación de Ricardo Silva-Santisteban. Colofón de Jesús Cabel. Lima: Universidad Nacional San Luis Gonzaga – Editorial San Marcos, 2012. 62 pp. (Colección Huarango; 6). ISBN 978-612-302-747-6 [Obra ganadora del III Premio Nacional de Teatro 1948 y estrenada el 25 de mayo de 1950 en el teatro de la Asociación de Artistas Aficionados (AAA), bajo la dirección de Joaquín Roca Rey]. Referencias Wikipedia—http://es.wikipedia.org/wiki/Jorge_Eielson

Robert Desnos

Robert Desnos est un poète français, né le 4 juillet 1900 à Paris et mort du typhus le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie à peine libérée du joug de l’Allemagne nazie. Liminaire Autodidacte et rêvant de poésie, Robert Desnos est introduit vers 1920 dans les milieux littéraires modernistes et rejoint en 1922 l’aventure surréaliste. Il participe alors de manière éclatante aux expériences de sommeils hypnotiques et publie avec Rrose Sélavy (1922-1923) ses premiers textes qui reprennent le personnage créé par Marcel Duchamp. Dans les années 1924-1929, Desnos est rédacteur de La Révolution surréaliste mais rompt avec le mouvement quand André Breton veut l’orienter vers le communisme. Il travaille alors dans le journalisme et, grand amateur de musique, il écrit des poèmes aux allures de chanson et crée avec un grand succès le 3 novembre 1933, à l’occasion du lancement d’un nouvel épisode de la série Fantômas à Radio Paris La Complainte de Fantômas. Le poète devient ensuite rédacteur publicitaire mais préoccupé par la montée des périls fascistes en Europe, il participe dès 1934 au mouvement frontiste et adhère aux mouvements d’intellectuels antifascistes, comme l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires ou, après les élections de mai 1936, le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. En 1940, après la défaite de la France face à l’Allemagne nazie, il redevient journaliste pour le quotidien Aujourd’hui, et dès juillet 1942 fait partie du réseau de résistance AGIR. Il poursuit ses activités de résistance jusqu’à son arrestation le 22 février 1944. Il est déporté à Buchenwald et passe par d’autres camps avant de mourir à Theresienstadt (Térézin), en Tchécoslovaquie : épuisé par les privations et malade du typhus, il meurt le 8 juin 1945, un mois après la libération du camp par les Soviétiques. La dépouille du poète est rapatriée en France, et Robert Desnos est enterré au cimetière du Montparnasse à Paris. Son œuvre comprend un certain nombre de recueils de poèmes publiés de 1923 à 1943—par exemple Corps et biens (1930) ou The Night of loveless nights (1930)—et d’autres textes sur l’art, le cinéma ou la musique, regroupés dans des éditions posthumes. Biographie Années de jeunesse Robert Desnos naît à Paris au 32, boulevard Richard-Lenoir. Il est le second enfant de Lucien Desnos et Claire Guillais. En 1902, la famille s’installe dans le quartier populaire des Halles où son père est mandataire pour la volaille et le gibier, mais également adjoint au maire de l’arrondissement. Ils habitent 11, rue Saint-Martin, dans « ce coin de Paris qui sent le soufre » où, jadis, les alchimistes et autres « sorciers » se livraient à d’étranges métamorphoses. Gérard de Nerval avait d’ailleurs trouvé là une source à ses voyages imaginaires. En 1913, la famille déménage pour le 9, rue de Rivoli, un autre univers. Mais ce Paris interlope des artisans et des commerçants marque profondément l’enfant et apparaîtra abondamment dans son œuvre. Ses rêveries sont nourries par le spectacle insolite des rues, entre cloître Saint-Merri et tour Saint-Jacques-la-Boucherie, et le monde varié des images que lui offrent aussi bien les affiches que les illustrations de L’Épatant et de L’Intrépide ou les suppléments illustrés du Petit Parisien et du Petit Journal. À six ou sept ans, Desnos dessine d’étranges formes sur ses cahiers. À douze ans, il passe à la couleur, et son monde secret se teinte de fantastique. L’enfant se rêve « enfant libre ». Desnos fait sa première communion en 1911 en l’église Saint-Merri. À l’école, il n’est pas bon élève. Il s’ennuie profondément et ne supporte pas le discours patriotique qui s’y développe. Il préfère lire Les Misérables de Hugo et s’embarquer avec les Marins de Baudelaire. Il se passionne aussi pour la culture populaire : romans – Émile Gaboriau, Eugène Sue, Jules Verne ou Ponson du Terrail –, et bandes dessinées, avec une affection particulière pour l’insaisissable Fantômas, dont les exploits sont relatés au cœur d’ouvrages bariolés. Il plonge avec délice dans ce romantisme de gare engendré par Les Mystères de New York, ou de Chicago, voire de Paris. Les surréalistes se retrouveront plus tard sur ce point en baptisant le merveilleux dans la naïveté populaire « Poésie involontaire ». Avec le cinéma, ses aventures livresques deviennent presque réalité. De tout cela, Desnos témoignera dans ses récits et ses critiques de films. Pour l’heure, il n’est encore qu’adolescent lorsqu’en 1916, avec pour seuls bagages un certificat d’études acquis en 1913 et son brevet élémentaire, il décide de quitter l’école Turgot. Face à un père désireux de l’encourager à poursuivre ses études pour embrasser une carrière commerciale, il oppose son désir farouche de devenir poète. Mis en demeure de se débrouiller tout seul, relégué – mais il le « veut » aussi – dans une chambre de bonne, il multiplie les petits boulots. On le trouve, un temps, commis dans une droguerie de la rue Pavée, mais le plus important est ailleurs : Desnos, buvant l’eau vive de ce qui s’offre à lui, se forge une solide et vaste culture autodidacte. Pendant que le premier conflit mondial s’éternise, il fréquente des jeunes gens en commune révolte contre cette boucherie des tranchées. Dès 1918, il a commencé à écrire quelques poèmes, dont certains sont publiés dans la Tribune des jeunes, une revue de tendance socialiste. Ses influences se nomment peut-être Apollinaire ou Rimbaud ; plus sûrement Laurent Tailhade, Germain Nouveau et, très certainement, ces anonymes « putains » des nuits de Saint Merri, que le garçonnet avait contemplées du haut de son sixième étage, au croisement de la rue des Lombards et de la rue Saint-Martin… Les putains de Marseille ont des sœurs océanes Dont les baisers malsains moisiront votre chair… Ce Fard des Argonautes, daté de 1919, et publié la même année dans la revue d’avant-garde Le Trait d’union, oscille entre illuminations d’un certain Bateau Ivre et grand fourre-tout mythologique issu des magazines à sensation. D’ailleurs, côté alexandrins, Desnos s’embrouille souvent avec la métrique et certains de ses vers ont treize pieds… À ceux qui le lui feront remarquer, intellectuels ayant digéré leurs classiques, Desnos rétorquera : « Je ne suis pas philosophe, je ne suis pas métaphysicien… Et j’aime le vin pur. » Le jeune homme n’a pas de culture savante ; il s’est construit en vrac, pataugeant dans l’immédiat de la vie qu’il mange à pleine dents, et les rêves des nuits qu’il note au tout premier réveil. « Ce que les écrivains ont à dire s’adresse à tous », répète-t-il devant les langages obscurs et les amphigouris des poètes sérieux… Son éveil à la chair ne s’est également pas fait sérieusement. Pas d’amours adolescentes ni d’ombres de jeunes filles en fleurs : c’est en plein hiver à seize ans, dans les bras d’une imposante matrone, que tout cela s’est joué. Dans cet immédiat après-guerre, Desnos devient secrétaire de Jean de Bonnefon et gérant de sa maison d’édition. Il fréquente des gens infréquentables, des anticonformistes clopinant du côté de l’hôtel de ville. Vers 1920, grâce au poète Louis de Gonzague-Frick, il est introduit dans les milieux littéraires modernistes. Chez Georges-Elzéar-Xavier Aubaut, homosexuel notoire et fort singulier personnage qui se farde comme Pierre Loti, se pare de bijoux et se dit ancien secrétaire de Huysmans, il rencontre Benjamin Péret et l’aventure Dada. Mais, malgré ses efforts, Desnos ne parvient pas à pénétrer ce milieu. Qui plus est, l’heure de son service militaire a sonné. Il part pour Chaumont puis au Maroc. Lorsqu’il reviendra, juste un an plus tard, les tempêtes dadaïstes auront déjà fait long feu. Le surréalisme et les premiers écrits Pendant qu’il joue les tirailleurs entre dattiers et palmiers en s’efforçant de tromper son ennui comme il peut, à Paris, les dynamiteurs de la pensée officielle comme de l’ordre social ont lancé leurs premières grenades. Entre 1920 et 1922, le peintre Francis Picabia ouvre la voie à la rupture et André Breton lance son célèbre Lâchez tout dans le second numéro de la revue Littérature. Dada mis au rancart, une nouvelle aventure commence. Benjamin Péret avait parlé de Breton à Desnos avant son départ pour l’armée. Il lui avait décrit les furieux éclats contre son temps de ce jeune homme de vingt-cinq ans. Sans doute est-ce au cours d’une permission que le troufion Desnos établit enfin le contact avec « ces compteurs d’étoiles », selon le mot de Victor Hugo. Tout se passe alors au Certa, un bar du passage de l’Opéra aujourd’hui disparu. S’y retrouvent Aragon, Breton, Radiguet (qui mourra en 1923), Tzara, Soupault, Cendrars, Vitrac– un ami– et quelques autres. Desnos monte dans la nacelle sans se faire prier, car il a déjà expérimenté à sa façon l’écriture automatique, forme d’expression aussi peu contrôlée que possible. En 1922, c’est certain, il a rejoint l’aventure Surréaliste. L’élève se révèle fort doué. Il trouve une famille parmi tous ceux qui se reconnaissent dans Les nécessités de la vie et les conséquences des rêves, ouvrage publié par Paul Éluard en 1921. Voir au-delà ou au-dedans… Desnos s’impose immédiatement par ses exceptionnelles capacités verbales (un flot de paroles intarissable où les mots s’appellent par affinités sonores) et met sa fougue à entrer dans les expériences les plus diverses. Il participe de manière éclatante aux expériences de sommeils hypnotiques, de récits de rêves ou de fantasmes. De fait, « il parle surréaliste à volonté ». Le rêve, cette porte ouverte sur l’inconnu, Desnos l’a déjà entrebâillée. Durant l’hiver 1918-1919, il avait noté sur son carnet : « Je suis couché et me vois tel que je suis en réalité. L’électricité est allumée. La porte de mon armoire à glace s’ouvre d’elle-même. Je vois les livres qu’elle renferme. Sur un rayon se trouve un coupe-papier de cuivre (il y est aussi dans la réalité) ayant la forme d’un yatagan. Il se dresse sur l’extrémité de la lame, reste en équilibre instable durant un instant puis se recouche lentement sur le rayon. La porte se referme. L’électricité s’éteint. » Lorsqu’en 1924 paraîtra le premier numéro de La Révolution surréaliste, on pourra lire dans la préface signée Jacques André Boiffard, Paul Eluard et Roger Vitrac : « Le procès de la connaissance n’étant plus à faire, l’intelligence n’entrant plus en ligne de compte, le rêve seul laisse à l’homme tous ses droits à la liberté. Grâce au rêve, la mort n’a plus de sens obscur et le sens de la vie devient indifférent. » De fait, Desnos est un voyant : il est ce medium qui, endormi, répond aux questions des assistants, amorce des poèmes ou des dessins. Lors de ces séances des sommeils, (la première a lieu chez Breton le 25 septembre 1922) il est question d’aller retrouver la liberté première de la pensée ayant élu domicile dans cet état de somnolence/rêverie que Nerval avait nommé supernaturaliste. Il est aussi celui qui ira le plus loin dans l’amour de l’involontaire et du fabuleux. Fantomas revient, à la fois magicien et sorcier et pénètre les mots. C’est l’heure où Breton annonce : « Le surréalisme est à l’ordre du jour et Desnos est son prophète. » Desnos s’installe alors dans l’atelier du peintre André Masson au 45 de la rue Blomet, à Montparnasse, près du Bal Nègre qu’il fréquente assidûment. Il s’initie à l’opium. C’est le temps des trois forteresses surréalistes : Breton, rue Fontaine, Aragon, Prévert, Queneau et André Thirion, rue du Château et cette rue Blomet où Desnos compte Joan Miró et le dramaturge Georges Neveux parmi ses voisins. Clair, garni de bizarreries trouvées au marché aux puces et d’un gramophone à rouleaux, l’atelier de Desnos n’a pas de clé, seulement un cadenas à lettres dont il se rappelle la composition une nuit sur deux. De 1922 à 1923, il se livre là uniquement au travail de laboratoire dont doit résulter Langage cuit, ce que Breton appelle les mots sans rides, et à la recherche poétique. Les Gorges froides de 1922 en sont l’un des exemples marquants. Plus tard, c’est sans doute également dans cet antre qu’il écrira The Night of loveless nights. Ce voyage expérimental vers le verbe nouveau est une impasse, et Desnos le sait. Lautréamont ne disait-il pas « une philosophie pour les sciences existe. Il n’en existe pas pour la poésie ? » Peu importe, il faut partir sur les routes, selon le mot de Breton. Sonne l’heure des poèmes de L’Aumonyme et des exercices de Rrose Selavy. Suivent Les Pénalités de l’Enfer (1922) et Deuil pour deuil (1924). Ces enfants terribles que sont les surréalistes revendiquent un esprit en ébullition perpétuelle et, pour l’heure, encore un humour sans limites. Desnos incarne cela plus que tout autre. Une anecdote de 1925 mérite d’être rappelée : lors de la première représentation de Locus Solus de Raymond Roussel, la salle reste de marbre alors que le poète applaudit à tout rompre : —Ah ! J’ai compris, lui dit son voisin, vous êtes la claque... —Parfaitement !, répond-il, et vous, vous êtes la joue. Dans les années 1924-1929, Desnos est rédacteur de La Révolution surréaliste. Mais il faut bien vivre : il travaillera comme comptable des publications médicales de la Librairie Baillière, écrira sur commande pour Jacques Doucet (De l’érotisme, 1923), deviendra, pendant un moment, courtier de publicité pour un annuaire industriel, puis caissier du journal Paris-Soir. À partir de 1925, il se fait journaliste d’abord à Paris-Soir puis au journal Le Soir ; enfin à Paris-Matinal. Sur ce métier, il écrira un sanglant article pour la revue Bifur : « Le journalisme actuel n’est “ journalisme ” que par le nom. […] Lecteurs, prenez garde ! L’annonce de huitième page du grand quotidien relative au fabricant de lits-cages influence le “ papier ” du chroniqueur de première page autant que les fameux fonds secrets et les subventions d’ambassade dont certains partis politiques ont tiré un argument facile pour discréditer leurs adversaires. Un journal, au surplus, s’écrit-il avec de l’encre ? Peut-être, mais il s’écrit surtout avec du pétrole, de la margarine, du ripolin, du charbon, du caoutchouc, voire ce que vous pensez… quand il ne s’écrit pas avec du sang ! » Reste le cinéma. Desnos écrira de nombreux scénarios. S’il n’est pas un théoricien, il préconise quand même un accord entre le pamphlet, la métaphysique et la poésie. Le cinéma du rêve, Luis Buñuel ou Jean Cocteau, est encore trop pauvre pour le satisfaire, mais il fait affaire avec ce qu’il voit et multiplie les critiques. Écrits sur le cinéma Il est ainsi possible de distinguer deux Robert Desnos dans son rapport au cinéma : celui qui écrit des scénarios, publiés mais jamais tournés, et celui qui écrit sur le cinéma pendant les années vingt. Entre les deux, c’est toujours le poète qui s’exprime. Ici, il sera question de Desnos face au cinéma de son époque. Il s’agit de comprendre comment s’articulent les convictions artistiques du poète surréaliste (priorité du rêve, de l’imagination, tragique exaltant l’amour) avec la réalité cinématographique des années vingt. Desnos écrit sur le cinéma essentiellement entre 1923 et 1929 dans Paris-Journal, puis Journal Littéraire, Le Soir, le Merle et enfin Documents. Ces textes reflètent les sentiments du groupe surréaliste dont il est l’un des membres les plus actifs à l’égard du cinéma. S’y retrouvent les questionnements autour du rêve et de l’écriture automatique. Desnos y adopte un ton lyrique et polémique. Desnos a toujours insisté sur le fait qu’il ne voulait pas faire de critique : « Je me suis toujours efforcé de ne pas faire de critique. En ce qui concerne le cinéma, je me suis borné à émettre des désirs » ou encore : “ La critique ne saurait être que la plus médiocre expression de la littérature et ne peut s’adresser qu’aux manifestations de cette dernière. Les actions notables échappent toujours au contrôle psychologique de ces commissaires-priseurs, qui, de leur marteau, font résonner chichement le carillon de la vie commune ". Ce qui l’intéresse, c’est rattacher le cinéma à l’existence, la création à la vie. « Défendre le cinéma c’était abattre la hiérarchie académique entre art mineur et art majeur, art d’élite et art populaire ». Ce que Desnos demande au spectacle de l’écran, c’est de représenter la vie désirée, d’exalter ce qui lui est cher, de lui donner « l’inattendu, le rêve, la surprise, le lyrisme qui effacent les bassesses dans les âmes et les précipitent enthousiastes aux barricades et dans les aventures », de lui offrir « ce que l’amour et la vie nous refusent ». Rêve, amour et érotisme Desnos rattache très souvent dans ses écrits le cinéma et le domaine du rêve et de l’érotisme, qu’il ne dissocie jamais de l’amour. Pour lui, le film comme le rêve est une aventure, il permet d’échapper à la réalité sordide et d’atteindre le merveilleux. Il retrouve dans les conditions mêmes de la représentation cinématographique, (faisceau lumineux, obscurité, solitude) un équivalent de l’état onirique, entre le réel et l’irréel, le conscient et l’inconscient. Le cinéma devient en quelque sorte une « machine à rêves », capable de reproduire les conditions du sommeil et de l’avènement du rêve. Desnos imagine un réalisateur capable de faire un film comme on rêve, le rêve étant pour lui « un cinéma plus merveilleux que tout autre » : “ Il est un cinéma plus merveilleux que tout autre. Ceux auxquels il est donné de rêver savent bien que nul film ne peut égaler en imprévu, en tragique, cette vie indiscutable à laquelle est consacré leur sommeil. Du désir du rêve participent le goût, l’amour du cinéma. À défaut de l’aventure spontanée que nos paupières laisseront échapper au réveil, nous allons dans les salles obscures chercher le rêve artificiel et peut-être l’excitant capable de peupler nos nuits désertées. Je voudrais qu’un metteur en scène s’éprît de cette idée ". L’importance accordée au rêve se double de celle accordée à l’érotisme, que l’on retrouve également dans son œuvre romanesque et poétique. Dans son article « L’érotisme » publié en 1923, Desnos compare le cinéma à une drogue, capable d’emmener l’homme dans un rêve artificiel qui lui permet de supporter le caractère fade et routinier de son existence. L’érotisme est pour lui une qualité essentielle de l’œuvre cinématographique, puisqu’elle permet l’accès à la puissance imaginative, émotive et poétique du spectateur. Comme l’explique Marie-Claire Dumas, « ce qu’en bon surréaliste Desnos demande au cinéma, c’est qu’il accomplisse, par ses images mouvantes et expressives, les désirs les plus intimes des spectateurs que la vie quotidienne déçoit ou réprime. » Desnos adopte, dans beaucoup de ses articles, un ton volontairement polémique, caractérisé par l’emploi de termes péjoratifs comme « imbéciles », qui se double d’assertions fermes et sans appel, le tout au présent de l’indicatif qui renforce l’idée de vérité : « L’un des facteurs les plus admirables du cinéma et l’une des causes de la haine que lui portent les imbéciles est l’érotisme ». Par cette assertion, Desnos se place implicitement dans le camp de ceux qui ont « compris » la valeur du cinéma, y compris pour leurs propres productions artistiques, tout en critiquant vivement la bêtise de ceux qui n’y voient que vulgarité et pauvreté. Engagement Desnos, dans ses écrits sur le cinéma, n’hésite pas à s’engager, à prendre parti et à affirmer sa liberté de jugement. Il est extrêmement critique sur la production française des années vingt, lui reprochant avant tout son manque de liberté et son attitude servile envers les financeurs et l’argent. Il dénonce alors le changement de nature opéré par l’argent sur le cinéma : d’origine populaire, il devient ennemi du peuple et soumis à la censure : “ Trésor fabuleux, la liberté ne conçoit pas l’avarice. […] Le cinéma français est un scandale permanent. Tout en lui est vil, vulgaire et témoigne d’une âme de policier et de domestique.Ne demandez pas pourquoi ! L’argent est coupable. Il y a en France des metteurs en scène capables de faire de beaux films. Mais pour faire de beaux films il faut beaucoup d’argent. L’argent est aux mains de la classe la plus méprisante du pays. Et ceux qui prêtent de l’argent aux metteurs en scène contrôlent les scénarios et imposent les actrices. C’est ainsi qu’en France le cinéma, mode d’expression populaire, est aux mains des ennemis du peuple.” Il n’hésite pas à apporter sa contribution aux débats de son temps : apparition du cinéma parlant qui implique la disparition de sous-titres que Desnos considère comme « moyen d’émotion directe qu’il importe de ne pas négliger », les conditions d’engagement des figurants que Desnos n’hésite pas à nommer la « véritable traite des figurants », tout en dénonçant des conditions de travail inadmissibles. Il s’engage aussi pour la défense des cinémas de quartiers, qui, selon lui, sont plus à même de communiquer l’émotion d’un film qu’une grande salle anonyme : “ Avec leur architecture grotesque où le velours, la dorure et le ciment armé se liguent pour réaliser des horreurs, confortables, sans doute, avec leurs fauteuils profonds propices au sommeil suscité par des films absurdes, les cinémas, les grands cinémas sont bien le dernier endroit où, maintenant, l’on puisse éprouver quelque émotion. Tandis que les salles de quartier gardent encore le privilège de la sincérité et de l’enthousiasme.” Cinéma et poésie Il est important de noter que les textes journalistiques publiés par Desnos sur le cinéma sont très utiles à qui veut comprendre son univers poétique. En effet, Desnos est fasciné depuis son enfance par le monde du rêve, par la découverte de l’érotisme et du sentiment amoureux. Il semble très sensible et réceptif aux rêves, à leur magie, leur puissance d’évocation et la liberté imaginative qu’ils permettent, loin de la censure que la société impose à l’individu. Il n’a de cesse de revendiquer la liberté de création et de dénoncer les censures quant à la nudité ou l’érotisme. Il refuse la logique du philistin, qui voudrait un cinéma littéraire, intelligent, mettant de côté les instincts et passions de l’homme. Marie-Claire Dumas explique que " critique de cinéma, Robert Desnos a donc des positions tranchées, offensives, où les impératifs surréalistes auxquels il adhère (priorité du rêve, de l’imagination, tragique exaltant l’amour) jouent un rôle majeur […]". On le voit dans ses poèmes " où les images défilent dans de perpétuelles métamorphoses, où la voix lyrique ponctue, à la manière des sous-titres, un scénario des plus fantaisistes, joue le rôle de stupéfiant dont l’écran est doté ". « Comme le film, le poème est le lieu des fusions et des confusions les plus ardentes ». Cette formule illustre parfaitement la pensée de Desnos quant à sa poésie, et la richesse qu’il décèle dans le cinéma : l’un et l’autre se nourrissent, s’enrichissent tour à tour. Le cinéma semble mettre en images ce que le poète met en vers. La puissance du voir, de la lumière et du mouvement sont une obsession pour le poète, qui jusqu’au bout semble chercher une poésie cinématographique. « Les articles de Desnos offrent une lecture partisane du cinéma des années vingt : c’est un surréaliste qui voit et qui témoigne. [...] On comprend alors l’intérêt porté par Desnos au documentaire : la voix est liée à l’image, mais dans un unisson très libre ». L’image se trouve donc au cœur de la pensée de Desnos, c’est elle qui permet l’accès au surréel, elle est la clef de voûte de l’édifice cinématographique et poétique. Ainsi, loin d’être un critique de cinéma, figure dont il se détache lui-même, Desnos serait plutôt à considérer comme un artiste et un journaliste engagés dans les débats de son époque, et prêt à défendre un art émergent dont il semble prévoir les possibilités futures. Le cinéma représente pour lui un nouveau moyen de placer la liberté et la création au cœur de l’art. Desnos apparaît ici comme un visionnaire et un précurseur, puisque ayant vu avant nombre de personnes dans le septième art un réservoir inépuisable de poésie et de liberté. Les années d’amour Desnos voue alors une passion à la chanteuse de music-hall Yvonne George. Elle est la « mystérieuse » qui hante ses rêveries et ses rêves et règne sur ses poèmes des Ténèbres. Il l’a probablement rencontrée en 1924. Si l’on en croit Théodore Fraenkel, l’ami fidèle, cet amour ne fut jamais partagé. Il le rêvera plus qu’il ne le vivra, source d’inspiration pour de nombreux poèmes, dont ceux de 1926, dédiés à la mystérieuse. Une occasion pour Desnos de renouer avec le lyrisme. Dès que lui parviennent ces poèmes, Antonin Artaud écrit à Jean Paulhan : « Je sors bouleversé d’une lecture des derniers poèmes de Desnos. Les poèmes d’amour sont ce que j’ai entendu de plus entièrement émouvant, de plus décisif en ce genre depuis des années et des années. Pas une âme qui ne se sente touchée jusque dans ses cordes les plus profondes, pas un esprit qui ne se sente ému et exalté et ne se sente confronté avec lui-même. Ce sentiment d’un amour impossible creuse le monde dans ses fondements et le force à sortir de lui-même, et on dirait qu’il lui donne la vie. Cette douleur d’un désir insatisfait ramasse toute l’idée de l’amour avec ses limites et ses fibres, et la confronte avec l’absolu de l’Espace et du Temps, et de telle manière que l’être entier s’y sente défini et intéressé. C’est aussi beau que ce que vous pouvez connaître de plus beau dans le genre, Baudelaire ou Ronsard. Et il n’est pas jusqu’à un besoin d’abstraction qui ne se sente satisfait par ces poèmes où la vie de tous les jours, où n’importe quel détail de la vie journalière prend de l’espace, et une solennité inconnue. Et il lui a fallu deux ans de piétinements et de silence pour en arriver tout de même à cela. » Cette mystérieuse, Desnos lui donne un visage et une voix. Elle est cette Étoile de Mer offerte en 1928 à Man Ray. Elle est celle pour qui la plume du poète laisse couler : J’ai tant rêvé de toi Que tu perds ta réalité… Yvonne George meurt de tuberculose en 1930, à seulement trente-trois ans. Desnos va l’aimer désespérément au-delà de la tombe. En 1943, paraît son unique roman, Le vin est tiré. Le poète y transpose son expérience tragique de la fréquentation d’un groupe d’« intoxiqués ». Ce groupe est centré sur la très belle, et très droguée, « Barbara ». Au fur et à mesure du déroulement du récit, presque tous les personnages sont tués par les drogues qu’ils consomment. Quant à Youki Foujita, avec qui il vit depuis 1930, elle est représentée par la sirène. Partagé entre ces deux amours, l’impalpable et le tangible, Desnos s’attribue la forme de l’hippocampe. En fait, il n’ose jamais trancher et l’étoile devient sirène, ce qui se lit dans Siramour. Il y a la chair, il y a l’amour. Entre les deux se glisse la pierre angulaire de l’érotisme. Le poète, qui a déjà narré ses convulsions sexuelles dans « Les Confessions d’un enfant du siècle » (La Révolution surréaliste no 6) devient Corsaire Sanglot, le héros de La Liberté ou l’Amour (1927) où la liberté des sens est totale, dans un tintamarre d’images extraordinaires et de tempêtes en tous genres. C’est la prose du scandale. Pour la société, l’œuvre sera mutilée par un jugement du tribunal de la Seine, mais l’ouvrage déplaît aussi à certains surréalistes, qui ne voient pas dans ce texte l’audace nécessaire à toute transgression. Desnos « récupéré » ? Toujours est-il qu’un clivage naît. Alors que Breton va lentement s’amidonner pour finir en statue de Commandeur, Desnos nage à contre courant, toujours plus loin… Rupture avec le surréalisme En 1929, s’amorce un changement dont les prémices sont présentes dans The Night of loveless nights et Siramour. Breton reproche à Desnos son « narcissisme » et de « faire du journalisme ». De plus, Breton veut entraîner le groupe vers le communisme, et Desnos ne franchit pas cette ligne. Dans La Révolution surréaliste, le groupe des dissidents (ce groupe compte, outre Desnos, Georges Ribemont-Dessaignes, Georges Bataille, Jacques Prévert, Georges Limbour, Roger Vitrac, Antonin Artaud, Philippe Soupault, André Masson, Joseph Delteil passe alors à l’action. Après avoir réglé leur compte à Anatole France et Maurice Barrès, ils ciblent dans Un cadavre le « Maître », devenu « lion châtré », « palotin du monde occidental », « faisan », « flic », « curé », « esthète de basse-cour ». Aragon, chargé d’exécuter définitivement Desnos, écrit, entre autres, sous le titre de Corps, âmes et biens, dans Le Surréalisme au service de la révolution : « Le langage de Desnos est au moins aussi scolaire que sa sentimentalité. Il vient si peu de la vie qu’il semble impossible que Desnos parle d’une fourrure sans que ce soit du vair, de l’eau sans nommer les ondes, d’une plaine qui ne soit une steppe, et tout à l’envi. Tout le stéréotype du bagage romantique s’adjoint ici au dictionnaire épuisé du dix-huitième siècle. On dirait une vaste tinette où l’on a versé les débris des débauches poétiques de Lebrun-Ecouchard à Georges Fourest, la scorie prétentieuse de l’abbé Delille, de Jules Barbier, de Tancrède de Visan, et de Maurice Bouchor. Les lys lunaires, la marguerite du silence, la lune s’arrêtait pensive, le sonore minuit, on n’en finirait plus, et encore faudrait-il relever les questions idiotes (combien de trahisons dans les guerres civiles ? ) qui rivalisent avec les sphinx dont il est fait en passant une consommation angoissante. Le goût du mot « mâle », les allusions à l’histoire ancienne, du refrain dans le genre larirette, les interpellations adressées à l’inanimé, aux papillons, à des demi-dieux grecs, les myosotis un peu partout, les suppositions arbitraires et connes, un emploi du pluriel […] qui tient essentiellement du gargarisme, les images à la noix, […] ce n’est pas la façon de s’exprimer qui vaut à ce livre d’être à proprement parler un chef-d’œuvre… » Desnos, avec Corps et Biens qui paraît en 1930, dresse le bilan de cette aventure. Écrits sur les peintres, Une écriture journalistico-poétique ? Longtemps partisan actif du mouvement surréaliste, dont il a été l’un des pivots, son écriture est de fait empreinte de l’univers du rêve, et se nourrit de la force de l’image. Ainsi, accéder à sa poésie passe par la prise en compte de la façon dont il nourrit l’écriture poétique par toutes les formes que lui apportent les différents arts, visuels notamment. Il est notamment auteur d’un ouvrage paru en 1984, les Écrits sur les peintres, texte dans lequel on retrouve une sorte d’art poétique, et ce notamment à travers le regard qu’il porte sur l’œuvre de Picasso, « je parle des poètes autant que des peintres », explique-t-il en ce sens. C’est à cause de l’ultimatum que lui pose André Breton, lequel ne supporte plus la perpétuelle recherche, à laquelle Desnos s’évertue inlassablement, de nouveaux moyens et de matériaux autres qu’il introduit dans la poésie surréaliste, et point déjà sensible depuis des années entre les deux hommes, le penchant de Desnos pour le journalisme, que Desnos rompt douloureusement avec le mouvement surréaliste. Pour Breton, être poète peut certes se concilier avec un métier alimentaire, mais certainement pas avec un métier d’écriture qui selon lui entre en concurrence avec l’écriture poétique (en ce sens où cela devient une écriture utilitariste). La grande question qui se pose alors quand Desnos quitte le groupe surréaliste est de savoir s’il a pour autant rompu avec le surréalisme. Il est probable, si l’on en croit ses propos sur Picasso, dont il qualifie le génie par sa capacité à être tout à la fois un et multiple dans son art, qu’il en va de même pour sa propre écriture : " Maintenant, tournez la page, la frontière est franchie, la barrière tombée. Picasso lui-même vous ouvre les portes de la vie ". « Il n’est aucune œuvre qui ne soit anecdotique ». La pratique de l’anecdote, « petit fait historique survenu à un moment précis de l’existence d’un être, en marge des événements dominants et pour cette raison souvent peu connu. [… ] Historiette, épisode », est un élément caractéristique de l’écriture de Desnos. Et c’est ce que met en évidence notamment le travail sur le ton, souvent railleur, polémique, quoiqu’en apparence badin. On le voit dans le texte sur le Buffet ; ou la comparaison entre le Braque et le Picasso qui ont été confondus ; ou encore dans les passages narrativisés sur les faussaires : tous ces petits récits se présentent comme des anecdotes et prennent pourtant place dans une totalité qui s’appelle Écrits sur les peintres. Ce sont des sortes de petites chroniques, qui ne sont pas sans lien avec une pratique qui lui chère, et qui lui valut, rappelons-le, sa brouille avec le parti surréaliste, à savoir l’écriture journalistique. Dans les Écrits, il traite ainsi sur un ton en apparence anecdotique un sujet lui-même également de cet ordre. On note une véritable accumulation de références biographiques de Picasso, de lieux singularisés qu’il fréquente, comme si ces lieux en disaient davantage (et le poète l’affirme, puisqu’il explique que pour avoir accès à Picasso, il faut le voir dans son atelier) sur le peintre que sa peinture finalement. Également de l’ordre de l’anecdotique, on peut rappeler sa propension à établir des digressions apparentes, qui en disent finalement plus long sur sa pensée que toute théorisation formelle. On pense ici à la digression sur « le poisson scie et la belette », dont il fait état parce que – et en tout cas a priori uniquement pour cette raison, en dénote le terme “ remords ” – « ce sont des animaux charmants ». Un ton léger, de badinage presque, qui s’approprie le réel multiple que représente l’anecdote afin de se l’approprier. L’anecdote permet ainsi l’articulation entre l’aspect journalistique de son écriture, de l’ordre de la chronique – il suffit de voir ses titres qui sont souvent très factuels, comme « La dernière vente Kahnweiler », « peintures de Picasso » … ou même l’utilisation d’un système de narration dans un texte prétendument critique (notamment les textes regroupés à la fin des Écrits, sous le titre « Rembrandt (1606-1928), Visite aux peintres des peintres »), stratégie renforcée par l’usage omniprésent du discours direct et des éléments visuels, spatiaux et temporels. Ce travail sur l’anecdote est mis en œuvre par de nombreux procédés, dont la mise en place d’une hétérogénéité recherchée à tous égards, par l’introduction de différents types de discours par exemple, mais aussi par le mélange des tons (ton presque burlesque par exemple) : ce que Desnos voit dans la peinture de Picasso, en accord avec sa propre pratique de l’écriture, c’est un « art magistral et [un] art bref en même temps », et une peinture des contradictions. Il en va de même pour le style : on a ici une écriture poétique, dont l’introduction d’un regard journalistique permet le renouvellement et à laquelle il confère une force de l’immédiateté. Il explique par exemple qu’ « une nature morte est une anecdote de la vie de quelques fruits et de quelques légumes, comme un portrait est une anecdote du visage d’un être ». On peut aller jusqu’à parler de l’anecdote, élément fondamental qui nous permet de parler d’une écriture journalistique, comme d’un « témoignage ». C’est une façon d’introduire du réel pour redonner souffle au surréel. Une écriture “ délirante et lucide ” Les années 1940 marquent un retour à la poésie et aux peintres, après que Desnos s’en est un temps détourné pour s’intéresser davantage à la radio et au journalisme. Sa grande question semble alors être de savoir dans quelle mesure une mathématique des formes peut se concilier avec l’inspiration surréaliste. Autrement dit, comment la poésie pourrait-elle être “ délirante et lucide ”. Et là encore, c’est en se tournant vers Picasso qu’il semble trouver une voie à explorer dans ce domaine, et c’est dans les textes qu’il consacre au peintre espagnol qu’il élabore sa propre théorisation stylistique de sa façon de pratiquer la poésie. Marie-Claire Dumas explique en ce sens que « désormais, dans le domaine de la peinture, un peintre prend le pas sur tous les autres : Picasso. Il offre l’exemple de toutes les libertés, de tous les déchaînements, comme de toutes les maîtrises. “ Délirante et lucide ”, telle serait la peinture de Picasso, à l’image de la poésie que Desnos poursuit ». Picasso semble être celui qui a atteint picturalement cet équilibre parfait entre délire et lucidité, celui-là même que l’écriture journalistique, qui précisément se revendique lucide par sa nature, peut apporter à l’aspect plus « délirant » du surréalisme. C’est en ce sens que Marie-Claire Dumas affirme que « désormais Desnos ne dissocie plus le destin de l’œuvre d’art des coordonnées sociales où elle s’inscrit. À l’état de crise générale, Desnos réagit par une lucidité sans amertume, qui tente de prendre la mesure de l’homme et d’en exalter tous les possibles ». L’œuvre d’art a ceci de fascinant qu’elle est à la fois factuelle, lucide, par sa présence immédiate, et à la fois délirante, puisqu’elle existe dans son propre univers, selon ses propres lois qui n’ont de limites que l’imagination de leur créateur. Le texte témoigne d’une recherche stylistique de la modalisation, en témoignent par exemple le grand nombre d’épanorthoses, reformulations pour donner l’impression de voir le discours s’établir sous nos yeux, et pour recréer la spontanéité de l’anecdotique précisément, ou encore les prétéritions : « On a tout dit sur Picasso, y compris ce qui n’était pas à dire. Je me refuserai donc aujourd’hui à contribuer à la glose plus ou moins burlesque de son œuvre ». Ce passage est un moyen de donner légitimité à son propos, lequel est certes encore une autre façon de gloser l’art de Picasso, mais une façon qui n’est pas, elle, contrairement aux autres, burlesque, qui est autre, et qui passe par une anecdote (à savoir, le fait qu’il croise parfois Picasso et que celui-ci le reconnait et le salue). Mais ce n’est pas aussi simple, et ce qu’il faut noter aussi, c’est que cette anecdote est précisément racontée sur un ton presque burlesque, puisque Desnos se raille lui-même en expliquant qu’il ne reconnait pas, lui, Picasso quand il le croise, à cause de sa myopie. On est dans une sorte de parodie du genre burlesque (il s’agit de traiter d’un matériau noble, le peintre Picasso, sur un ton un peu bas, trivial, par l’allusion à la myopie). Voici une contradiction (élément clé dans l’écriture poétique de Desnos et dans sa conception de l’art) qui est probablement recherchée par le poète, alors même qu’il décrit un peintre lui-même souvent défini comme contradictoire. Cette volonté de mélanger les matériaux, comme il mélange les tonalités, les registres, les discours, les genres, et les termes, est fortement affirmée dans sa conception. Poésie et témoignage. “ [...] Beau temps Pour les hommes dignes de ce nom Beau temps pour les fleuves et les arbres Beau temps pour la mer Restent l’écume Et la joie de vivre Et une main dans la mienne Et la joie de vivre Je suis le vers témoin du souffle de mon maître.” [1944-45] Finalement la poésie (au sens large) se fait témoin, ce qui rejoint là-encore l’aspect journalistique dont nous parlions précédemment. Cependant, elle se fait avant tout témoin de la joie, témoin de ce qui par définition n’est pas rationnel : elle est un jaillissement incontrôlable et imprévu. On retrouverait presque ici l’idée de « délire », mis en œuvre par l’écriture même, par le zeugma, « restent l’écume et la joie de vivre et une main dans la mienne et la joie de vivre », construction bancale qui marque un soubresaut de l’écriture ; et de fait, sémantiquement, il en va de même puisque la joie de vivre s’apparente par la construction à l’écume, élément qui apparaît lorsque la mer est violente et agitée : ainsi la main elle-même, par contamination lexicale, devient délirante. De plus, l’écume est aussi la marque de la folie, ou de la colère, et la joie se manifeste par le rire, lequel est traditionnellement associé à un aspect un peu diabolique de l’homme précisément en raison de son irrationalité. Entre délire et lucidité, on retrouve là la propre définition de Robert Desnos, si l’on peut parler ainsi, connaissant son aversion pour la catégorisation dont la définition peut être une manifestation, du surréalisme, puisqu’il l’a quitté précisément en raison du fait qu’il était voué à s’étouffer lui-même, à devenir une sorte d’automatisme et donc simple application d’une formule stérilisante, s’éloignant de sa constitution initiale entre le rêve et le regard sur le monde réel. Fantômas et la Drôle de guerre Youki Foujita partage désormais la vie du poète. Elle en est la lumière, mais aussi le souci. Le couple quitte la rue Blomet pour la rue Lacretelle puis s’installe au 19, rue Mazarine où défilent Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud, Felix Labisse, André Masson, Antonin Artaud ou encore Picasso. Pour Youki, il écrit des poèmes aux allures de chanson. Desnos est un grand amateur de musique. Le jazz, la salsa découverte lors d’un voyage à Cuba en 1928, le tango, le fado et les disques de Damia, Fréhel, Mistinguett et Maurice Chevalier, rengaines reflétant bien son Paris populaire, meublent sa discothèque. Mais on y trouve aussi les 78 tours de Mozart, Beethoven, Erik Satie et, surtout Offenbach. Comme pour la poésie, la musique doit parler à tous. Il s’improvise d’ailleurs chroniqueur musical. En 1932, grâce à Paul Deharme, Desnos se lance dans une carrière radiophonique où son imagination, son humour et sa parole chaleureuse vont faire merveille. Il devient vite assez célèbre et la radio lui offre des ressources que le journalisme de presse écrite (il a quitté la plupart des quotidiens pour ne plus écrire que dans des hebdomadaires édités par la NRF) ne lui assurent plus. Le 3 novembre 1933, à l’occasion du lancement d’un nouvel épisode de la série Fantômas, il crée à Radio Paris la Complainte de Fantômas qui ponctue, sur une musique de Kurt Weill une série de vingt-cinq sketches évoquant les épisodes les plus marquants des romans d’Allain et Souvestre. Antonin Artaud qui assure la direction dramatique tient le rôle de Fantômas, tandis qu’Alejo Carpentier est responsable de la mise en onde sonore. Le succès est grand. Par ailleurs, il publie la série poétique des Sans Cou (1934). En 1936, il entreprend le tour de force de composer un poème par jour. Cet exercice de refonte des écrits automatiques de l’âge d’or dure un an. Certains poèmes paraissent dans Les Portes battantes. Ce sera la seule publication de ces années de succès radiophonique. Grâce à Armand Salacrou, il entre à l’agence Information et publicité, où il anime une équipe chargée d’inventer des slogans publicitaires pour des produits pharmaceutiques (la Marie-Rose, le vermifuge Lune, la Quintonine, le thé des familles, le vin de Frileuse). Le poète devient ensuite rédacteur publicitaire aux Studios Foniric et anime l’équipe qui invente et réalise au jour le jour les émissions diffusées sur Radio-Luxembourg et le Poste Parisien. Il cherche à la fois à faire rêver ses auditeurs grâce aux capacités suggestives de la radio et à les rendre actifs dans la communication en faisant appel à leurs témoignages. C’est ainsi qu’en 1938 Des songes remporte un grand succès en reprenant à l’antenne des récits de rêves envoyés par les auditeurs. L’expérience radiophonique transforme la pratique littéraire de Desnos : de l’écrit celle-ci se déplace vers des formes plus orales ou gestuelles. L’essentiel pour Desnos est maintenant de communiquer, et la littérature est un moyen parmi d’autres. Ainsi Desnos écrit-il diverses chansons de variété, interprétées par des gens comme le Père Varenne, Margo Lion, Marianne Oswald, Fréhel. Peu à peu ses projets deviennent plus importants : en collaboration avec le compositeur Darius Milhaud, il écrit des cantates comme la Cantate pour l’inauguration du Musée de l’Homme, les commentaires pour deux films de montage de J.B. Brunius (Records 37 et Sources Noires, 1937) et travaille avec Arthur Honegger et Cliquet Pleyel pour des chansons de films. Dans cette période heureuse Desnos est conscient de la montée du fascisme en Europe. S’il s’est brouillé avec Breton et ses amis en 1927 parce qu’il refusait de les suivre dans leur engagement au parti communiste, cela ne signifie pas qu’il se désintéresse de la politique. On peut le définir comme un radical-socialiste, épris de liberté et d’humanisme. Son engagement politique ne va cesser de croître dans les années 1930, avec la « montée des périls ». Dès 1934, il participe au mouvement frontiste et adhère aux mouvements d’intellectuels antifascistes, comme l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires ou, après les élections de mai 1936, le « Comité de vigilance des Intellectuels antifascistes ». Passionné pour la culture espagnole, il est très choqué par la guerre d’Espagne et le refus du Sénat d’y engager la France. Alors que la conjoncture internationale devient de plus en plus menaçante, Desnos renonce à ses positions pacifistes : la France doit, selon lui, se préparer à la guerre, pour défendre l’indépendance de la France, sa culture et son territoire et pour faire obstacle au fascisme. Aussi, en compagnon de route, accepte-t-il de prêter son concours à des manifestations des Maisons de la culture, et accepte-t-il d’écrire des critiques de disques pour le journal communiste Ce soir. Mobilisé en 1939 Desnos fait la drôle de guerre convaincu de la légitimité du combat contre le nazisme. Il ne se laisse abattre ni par la défaite de juin 1940, ni par l’occupation de Paris, où il vit avec Youki. Son activité radiophonique ayant cessé, il redevient journaliste pour Aujourd’hui, le journal d’Henri Jeanson et Robert Perrier. Après l’arrestation de Jeanson, le quotidien est rapidement soumis à la censure allemande mais Desnos ruse, surveille ses paroles et réussit à publier, mine de rien, selon son expression, des articles de littérature qui incitent à préparer un avenir libre. Résistance et déportation Pour Desnos, la lutte est désormais clandestine. Le 20 janvier 1940, il écrit à Youki : « J’ai décidé de retirer de la guerre tout le bonheur qu’elle peut me donner : la preuve de la santé, de la jeunesse et l’inestimable satisfaction d’emmerder Hitler. » Dès juillet 1942, il fait partie du réseau AGIR, auquel il transmet des informations confidentielles parvenues au journal, tout en fabriquant par ailleurs de faux papiers pour des Juifs ou des résistants en difficulté. En 1943, il est averti que ce réseau est infiltré (nombre de ses membres furent d’ailleurs dénoncés, arrêtés et déportés), mais il en demeure membre tout en se rapprochant, sous la recommandation du poète André Verdet, du réseau Morhange, créé par Marcel Taillandier. Dès lors, aux missions de renseignements qu’il effectue pour le premier s’ajoutent très certainement des missions bien plus directes et violentes.Sous son nom ou sous le masque de pseudonymes, il revient à la poésie. Après Fortunes (1942) qui fait le bilan des années trente, il s’adonne à des recherches où poème, chanson, musique peuvent s’allier. Ce sont les couplets d’État de veille (1943) ou les Chantefables (1944) à chanter sur n’importe quel air. Puis Le Bain avec Andromède (1944), Contrée (1944), et les sonnets en argot, comme Le Maréchal Ducono, virulente attaque contre Pétain, qui poursuivent, sous des formes variées, sa lutte contre le nazisme. « Ce n’est pas la poésie qui doit être libre, c’est le poète », dit Desnos. En 1944, Le Veilleur du Pont-au-Change, signé Valentin Guillois, pousse son vibrant appel à la lutte générale, quand le poète est arrêté, le 22 février. Ce jour-là, un coup de téléphone d’une amie bien placée l’avait averti de l’arrivée imminente de la Gestapo, mais Desnos avait refusé de fuir de crainte qu’on emmenât Youki, qui se droguait à l’éther. Interrogé rue des Saussaies, il finit à la prison de Fresnes, dans la cellule 355 de la deuxième division. Il y reste du 22 février au 20 mars. Après d’incroyables recherches, Youki retrouve sa trace et parvient à lui faire porter des colis. Le 20 mars, il est transféré au camp de Royallieu à Compiègne où il trouve la force d’organiser des conférences et des séances de poésie (il y écrit Sol de Compiègne). De son côté, Youki multiplie les démarches dans de nombreux services de la police allemande et obtient que le nom de Desnos soit rayé de la liste des transports. Mais, le 27 avril, le poète fait partie d’un convoi de mille sept-cents hommes dont la destination est Buchenwald. Il y arrive le 12 mai et repart deux jours plus tard pour Flossenbürg : le convoi, cette fois, ne compte qu’un millier d’hommes. Les 2 et 3 juin, un groupe de quatre-vingt-cinq hommes, dont Desnos, est acheminé vers le camp de Flöha, en Saxe où se trouve une usine de textile désaffectée reconvertie en usine pour carlingues de Messerschmitt fabriquées par les prisonniers. De ce camp, Desnos écrit de nombreuses lettres à Youki qui, toutes, témoignent de son ardente énergie comme de son désir de vivre. Le 14 avril 1945 sous la pression des armées alliées, le kommando de Flöha est évacué. Le 15 avril, cinquante-sept d’entre eux sont fusillés. Vers la fin du mois d’avril la colonne est scindée en deux groupes : les plus épuisés – dont Desnos – sont acheminés jusqu’au camp de concentration de Theresienstadt, à Terezin (Protectorat de Bohème et Moravie), les autres sont abandonnés à eux-mêmes. D’après le témoignage de Pierre Berger, le journaliste Alain Laubreaux, partisan actif de la politique de collaboration et antisémite notoire, intervint personnellement pour que Desnos soit déporté comme prévu par le prochain convoi. Laubreaux et Desnos nourrissaient l’un pour l’autre une vieille animosité, marquée notamment par la gifle que le premier reçut du second au Harry’s Bar. Pour Pierre Barlatier, Laubreaux est le responsable de la mort de Desnos Theresienstadt, le poète retrouvé À Theresienstadt, les survivants sont soit abandonnés dans les casemates et les cellules de fortune, soit expédiés au Revier, l’infirmerie. Desnos est de ceux-là. Les poux pullulent, le typhus fait rage. Le 3 mai 1945, les SS prennent la fuite ; le 8 mai, l’Armée rouge et les partisans tchèques pénètrent dans le camp. Les libérateurs traînent avec eux quelques médecins et infirmiers afin de sauver qui peut l’être encore. Sur une paillasse, vêtu de l’habit rayé de déporté, tremblant de fièvre, Desnos n’est plus qu’un matricule. Plusieurs semaines après la libération, un étudiant tchèque, Joseph Stuna, est affecté par hasard à la baraque no 1. En consultant la liste des malades, il lit : Robert Desnos, né en 1900, nationalité française. Stuna sait très bien qui est ce Desnos. Il connaît l’aventure surréaliste ; il a lu Breton, Éluard… Au lever du jour, l’étudiant se met à la recherche du poète au milieu de deux cent-quarante « squelettes vivants » et le trouve. Appelant à l’aide l’infirmière Aléna Tesarova, qui parle mieux le français que lui, Stuna veille et tente de rassurer le moribond au péril de sa vie. Desnos a tout juste eu la force de se relever en entendant son nom et de souffler « Oui, oui, Robert Desnos, le poète, c’est moi. » Ainsi Robert Desnos sort-il de l’anonymat… Leur a-t-il laissé un dernier poème, comme on le croira ? Rien n’est moins sûr. Au bout de trois jours, il entre dans le coma. Le 8 juin 1945, à cinq heures du matin, Robert Desnos meurt. Paul Éluard, dans le discours qu’il prononce lors de la remise des cendres du poète, en octobre 1945 écrit : « Jusqu’à la mort, Desnos a lutté. Tout au long de ses poèmes l’idée de liberté court comme un feu terrible, le mot de liberté claque comme un drapeau parmi les images les plus neuves, les plus violentes aussi. La poésie de Desnos, c’est la poésie du courage. Il a toutes les audaces possibles de pensée et d’expression. Il va vers l’amour, vers la vie, vers la mort sans jamais douter. Il parle, il chante très haut, sans embarras. Il est le fils prodigue d’un peuple soumis à la prudence, à l’économie, à la patience, mais qui a quand même toujours étonné le monde par ses colères brusques, sa volonté d’affranchissement et ses envolées imprévues. » Robert Desnos est enterré au cimetière du Montparnasse à Paris. Histoire et mythe d’un « dernier poème » Après la guerre, est publié dans la presse française un dernier poème de Desnos, qui aurait été retrouvé sur lui par Joseph Stuna. En réalité, ce texte est le résultat d’une traduction approximative à partir du tchèque de la dernière strophe d’un poème de Desnos écrit en 1926 et dédié à Yvonne George, J’ai tant rêvé de toi : Dans l’infirmerie du camp et vu son état moribond, Desnos n’a eu ni physiquement ni matériellement la possibilité d’écrire quoi que ce soit. On sait aussi avec certitude que Joseph Stuna n’a rapporté que la paire de lunettes de Desnos. Effectivement, la dernière strophe du poème (une première traduction du français en tchèque) accompagne l’annonce du décès de Desnos dans le journal Tchèque “ Svobodné Noviny ” daté du 1er juillet 1945. Le 31 juillet, le même journal publie un article relatant les derniers jours du poète sous le titre Cent fois plus ombre que l’ombre avec, en plus, la fameuse dernière strophe de J’ai tant rêvé de toi. L’article, traduit du tchèque en français (traduction de traduction), paraît le 11 août 1945 dans Les Lettres françaises. Le traducteur n’a pas reconnu, sous le nouveau titre, le poème de 1926. Alejo Carpentier disait que « l’avenir des poètes était écrit à l’avance dans leurs poèmes ». Postérité Les archives et manuscrits de Robert Desnos sont entrés à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet en 1967, légués par Youki (Lucie Badoud) la compagne du poète et déposé par Henri Espinouze, le second mari de Youki. Le fonds général de la bibliothèque ainsi que la Collection de Jacques Doucet, grâce à la médiation d’André Breton qui était conseiller littéraire et artistique auprès de Jacques Doucet au début des années 1920, conservaient déjà des textes de Desnos – dont certains ont été joints a posteriori au fonds Desnos avec les dons de Suzanne Montel et Samy Simon. Repères chronologiques Œuvre Rrose Sélavy (1922-1923) Le Pélican L’Aumonyme (1923) Langage cuit (1923) De l’érotisme. Considéré dans ses manifestations écrites et du point de vue de l’esprit moderne (1923), publication posthume en 1953 ; réédition avec une préface de Annie Le Brun, Paris, Gallimard, coll. « L’Imaginaire », 2013. Deuil pour deuil (1924) Les gorges froides (1926) C’est les bottes de 7 lieues cette phrase « Je me vois », illustré d’eaux-fortes par André Masson, Paris, Éditions de la Galerie Simon, 1926. La Liberté ou l’Amour (1927) Les Ténèbres (1927) La Place de l’Étoile (1929), pièce de théâtre publiée dans le quotidien Le Soir Corps et biens (1930) Sans cou (1934) Fortunes (1942) The Night of loveless nights État de veille (1943) Le vin est tiré (1943) Contrée (1944) Le Bain avec Andromède (1944) L’Honneur des poètes (1943) Calixto suivi de contrée (1962), publication posthume Chantefables et chantefleurs (1970), publication posthume Destinée arbitraire (1975), publication posthume Nouvelles-Hébrides et autres textes (1978), publication posthume Rue de la Gaité / Voyage en Bourgogne / Précis de cuisine pour les jours heureux, œuvres illustrées par Lucien Coutaud (1947) La Complainte de Fantômas (1954), publication posthume. Le Veilleur du pont-au-change Le Souci (1943) Les Hiboux (1938) Les trois solitaires, œuvres posthumes et poèmes inédits enrichis de lithographies d’Yvette Alde, Éditions Les 13 épis, 1947. Œuvres regroupées Œuvres de Robert Desnos, sous la direction de Marie-Claire Dumas. Collection Quarto, éditions Gallimard, 2003. Corps et Biens, Collection de poche Poésie/Gallimard. Destinées arbitraires, Collection de poche Poésie/Gallimard. Fortunes, Collection de poche Poésie/Gallimard. La Liberté ou l’amour, Collection de poche L’Imaginaire/Gallimard. Deuil pour deuil, Collection de poche L’Imaginaire/Gallimard. Le vin est tiré..., Collection de poche L’Imaginaire/Gallimard. Chantefleurs, éditions Gründ, 2000. Chantefables, éditions Gründ, 2000. La Ménagerie de Tristan, éditions Gründ, 2000. Un beau navire porte son nom, dessins de Claude Stassart-Springer, éditions de la Goulotte, Vézelay, 2003 Œuvres diverses Période surréaliste Nouvelles Hébrides et autres textes (1922-1930), édition établie, présentée et annotée par Marie-Claire Dumas, éditions Gallimard, 1978 ; réédition avec une préface inédite et des notes augmentées, Gallimard, coll. « L’Imaginaire », 2016. Écrits sur l’art Écrits sur les peintres, éditions Flammarion, 1984. Écrits sur le cinéma Les Rayons et les ombres, éditions Gallimard, 1992. Écrits sur la musique Les Voix intérieures, Éditions du Petit Véhicule/l’Arganier, 2005. Éditions en disques compacts Textes de Robert Desnos, mélodies de Jean Wiener, Joseph Kosma, Francis Poulenc, etc., Éditions Integral Distribution. Anthologie poétique de Robert Desnos, lue par Eve Griliquez et Denis Lavant. Livret d’Anne Egger, Éditions Frémeaux et Associés, 2001. Adaptations Le poème Complainte de Robert le Diable de Louis Aragon (Les Poètes, chapitre Spectacle à la lanterne magique, éditions Gallimard, 1960). La chanson Robert le Diable en est extraite par Jean Ferrat et mise en musique par lui en 1968 (Productions Alleluia). On peut citer de nombreux interprètes : Christine Sèvres (première interprète en 1968), Jean Ferrat, Marc Ogeret, Isabelle Aubret, etc. Le poème J’ai tant rêvé de toi est mis en musique et chanté en 1975 par Michel Corringe, sous une forme modifiée. En 2012, Jean-Louis Trintignant l’intègre dans son spectacle Trois poètes libertaires, aux côtés de Boris Vian et de Jacques Prévert. Le 21 octobre 2017, Michel Arbatz (conception, musiques, voix, guitare, bandonéon) et Olivier-Roman Garcia (guitare, bouzouki, arrangements) lui consacrent un spectacle intitulé Desnos et merveilles au Bal Blomet, cabaret à l’emplacement du dancing où Desnos se rendait en voisin presque chaque soir dans les années 1930, et qu’il avait baptisé le « Bal Nègre ». Les références Wikipedia – https ://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Desnos

Robert Laurence Binyon

Robert Laurence Binyon, CH (10 August 1869– 10 March 1943) was an English poet, dramatist and art scholar. His most famous work, For the Fallen, is well known for being used in Remembrance Sunday services. Pre-war life Laurence Binyon was born in Lancaster, Lancashire, England. His parents were Frederick Binyon, and Mary Dockray. Mary’s father, Robert Benson Dockray, was the main engineer of the London and Birmingham Railway. The family were Quakers. Binyon studied at St Paul’s School, London. Then he read Classics (Honour Moderations) at Trinity College, Oxford, where he won the Newdigate Prize for poetry in 1891. Immediately after graduating in 1893, Binyon started working for the Department of Printed Books of the British Museum, writing catalogues for the museum and art monographs for himself. In 1895 his first book, Dutch Etchers of the Seventeenth Century, was published. In that same year, Binyon moved into the Museum’s Department of Prints and Drawings, under Campbell Dodgson. In 1909, Binyon became its Assistant Keeper, and in 1913 he was made the Keeper of the new Sub-Department of Oriental Prints and Drawings. Around this time he played a crucial role in the formation of Modernism in London by introducing young Imagist poets such as Ezra Pound, Richard Aldington and H.D. to East Asian visual art and literature. Many of Binyon’s books produced while at the Museum were influenced by his own sensibilities as a poet, although some are works of plain scholarship– such as his four-volume catalogue of all the Museum’s English drawings, and his seminal catalogue of Chinese and Japanese prints. In 1904 he married historian Cicely Margaret Powell, and the couple had three daughters. During those years, Binyon belonged to a circle of artists, as a regular patron of the Wiener Cafe of London. His fellow intellectuals there were Ezra Pound, Sir William Rothenstein, Walter Sickert, Charles Ricketts, Lucien Pissarro and Edmund Dulac. Binyon’s reputation before the war was such that, on the death of the Poet Laureate Alfred Austin in 1913, Binyon was among the names mentioned in the press as his likely successor (others named included Thomas Hardy, John Masefield and Rudyard Kipling; the post went to Robert Bridges). For the Fallen Moved by the opening of the Great War and the already high number of casualties of the British Expeditionary Force, in 1914 Laurence Binyon wrote his For the Fallen, with its Ode of Remembrance, as he was visiting the cliffs on the north Cornwall coast, either at Polzeath or at Portreath (at each of which places there is a plaque commemorating the event, though Binyon himself mentioned Polzeath in a 1939 interview. The confusion may be related to Porteath Farm being near Polzeath). The piece was published by The Times newspaper in September, when public feeling was affected by the recent Battle of Marne. Today Binyon’s most famous poem, For the Fallen, is often recited at Remembrance Sunday services in the UK; is an integral part of Anzac Day services in Australia and New Zealand and of the 11 November Remembrance Day services in Canada. The third and fourth verses of the poem (although often just the fourth) have thus been claimed as a tribute to all casualties of war, regardless of nation. They went with songs to the battle, they were young. Straight of limb, true of eyes, steady and aglow. They were staunch to the end against odds uncounted, They fell with their faces to the foe. They shall grow not old, as we that are left grow old: Age shall not weary them, nor the years condemn. At the going down of the sun and in the morning, We will remember them. They mingle not with their laughing comrades again; They sit no more at familiar tables of home; They have no lot in our labour of the day-time; They sleep beyond England’s foam Three of Binyon’s poems, including “For the Fallen”, were set by Sir Edward Elgar in his last major orchestra/choral work, The Spirit of England. In 1915, despite being too old to enlist in the First World War, Laurence Binyon volunteered at a British hospital for French soldiers, Hôpital Temporaire d’Arc-en-Barrois, Haute-Marne, France, working briefly as a hospital orderly. He returned in the summer of 1916 and took care of soldiers taken in from the Verdun battlefield. He wrote about his experiences in For Dauntless France (1918) and his poems, “Fetching the Wounded” and “The Distant Guns”, were inspired by his hospital service in Arc-en-Barrois. Artists Rifles, a CD audiobook published in 2004, includes a reading of For the Fallen by Binyon himself. The recording itself is undated and appeared on a 78 rpm disc issued in Japan. Other Great War poets heard on the CD include Siegfried Sassoon, Edmund Blunden, Robert Graves, David Jones and Edgell Rickword. Post-war life After the war, he returned to the British Museum and wrote numerous books on art; in particular on William Blake, Persian art, and Japanese art. His work on ancient Japanese and Chinese cultures offered strongly contextualised examples that inspired, among others, the poets Ezra Pound and W. B. Yeats. His work on Blake and his followers kept alive the then nearly-forgotten memory of the work of Samuel Palmer. Binyon’s duality of interests continued the traditional interest of British visionary Romanticism in the rich strangeness of Mediterranean and Oriental cultures. In 1931, his two volume Collected Poems appeared. In 1932, Binyon rose to be the Keeper of the Prints and Drawings Department, yet in 1933 he retired from the British Museum. He went to live in the country at Westridge Green, near Streatley (where his daughters also came to live during the Second World War). He continued writing poetry. In 1933–1934, Binyon was appointed Norton Professor of Poetry at Harvard University. He delivered a series of lectures on The Spirit of Man in Asian Art, which were published in 1935. Binyon continued his academic work: in May 1939 he gave the prestigious Romanes Lecture in Oxford on Art and Freedom, and in 1940 he was appointed the Byron Professor of English Literature at University of Athens. He worked there until forced to leave, narrowly escaping the German invasion of Greece in April 1941 . He was succeeded by Lord Dunsany, who held the chair in 1940-1941. Binyon had been friends with Ezra Pound since around 1909, and in the 1930s the two became especially close; Pound affectionately called him “BinBin”, and assisted Binyon with his translation of Dante. Another protégé was Arthur Waley, whom Binyon employed at the British Museum. Between 1933 and 1943, Binyon published his acclaimed translation of Dante’s Divine Comedy in an English version of terza rima, made with some editorial assistance by Ezra Pound. Its readership was dramatically increased when Paolo Milano selected it for the “The Portable Dante” in Viking’s Portable Library series. Binyon significantly revised his translation of all three parts for the project, and the volume went through three major editions and eight printings (while other volumes in the same series went out of print) before being replaced by the Mark Musa translation in 1981. At his death he was also working on a major three-part Arthurian trilogy, the first part of which was published after his death as The Madness of Merlin (1947). He died in Dunedin Nursing Home, Bath Road, Reading, on 10 March 1943 after an operation. A funeral service was held at Trinity College Chapel, Oxford, on 13 March 1943. There is a slate memorial in St. Mary’s Church, Aldworth, where Binyon’s ashes were scattered. On 11 November 1985, Binyon was among 16 Great War poets commemorated on a slate stone unveiled in Westminster Abbey’s Poets’ Corner. The inscription on the stone quotes a fellow Great War poet, Wilfred Owen. It reads: “My subject is War, and the pity of War. The Poetry is in the pity.” Daughters His three daughters Helen, Margaret and Nicolete became artists. Helen Binyon (1904–1979) studied with Paul Nash and Eric Ravilious, illustrating many books for the Oxford University Press, and was also a marionettist. She later taught puppetry and published Puppetry Today (1966) and Professional Puppetry in England (1973). Margaret Binyon wrote children’s books, which were illustrated by Helen. Nicolete, as Nicolete Gray, was a distinguished calligrapher and art scholar. Bibliography of key works Poems and verse * Lyric Poems (1894) * Porphyrion and other Poems (1898) * Odes (1901) * Death of Adam and Other Poems (1904) * London Visions (1908) * England and Other Poems (1909) * “For The Fallen”, The Times, 21 September 1914 * Winnowing Fan (1914) * The Anvil (1916) * The Cause (1917) * The New World: Poems (1918) * The Idols (1928) * Collected Poems Vol 1: London Visions, Narrative Poems, Translations. (1931) * Collected Poems Vol 2: Lyrical Poems. (1931) * The North Star and Other Poems (1941) * The Burning of the Leaves and Other Poems (1944) * The Madness of Merlin (1947) In 1915 Cyril Rootham set “For the Fallen” for chorus and orchestra, first performed in 1919 by the Cambridge University Musical Society conducted by the composer. Edward Elgar set to music three of Binyon’s poems ("The Fourth of August", “To Women”, and “For the Fallen”, published within the collection “The Winnowing Fan”) as The Spirit of England, Op. 80, for tenor or soprano solo, chorus and orchestra (1917). English arts and myth * Dutch Etchers of the Seventeenth Century (1895), Binyon’s first book on painting * John Crone and John Sell Cotman (1897) * William Blake: Being all his Woodcuts Photographically Reproduced in Facsimile (1902) * English Poetry in its relation to painting and the other arts (1918) * Drawings and Engravings of William Blake (1922) * Arthur: A Tragedy (1923) * The Followers of William Blake (1925) * The Engraved Designs of William Blake (1926) * Landscape in English Art and Poetry (1931) * English Watercolours (1933) * Gerard Hopkins and his influence (1939) * Art and freedom. (The Romanes lecture, delivered 25 May 1939). Oxford: The Clarendon press, (1939) Japanese and Persian arts * Painting in the Far East (1908) * Japanese Art (1909) * Flight of the Dragon (1911) * The Court Painters of the Grand Moguls (1921) * Japanese Colour Prints (1923) * The Poems of Nizami (1928) (Translation) * Persian Miniature Painting (1933) * The Spirit of Man in Asian Art (1936) Autobiography * For Dauntless France (1918) (War memoir) Biography * Botticelli (1913) * Akbar (1932) Stage plays * Brief Candles A verse-drama about the decision of Richard III to dispatch his two nephews * “Paris and Oenone”, 1906 * Godstow Nunnery: Play * Boadicea; A Play in eight Scenes * Attila: a Tragedy in Four Acts * Ayuli: a Play in three Acts and an Epilogue * Sophro the Wise: a Play for Children * (Most of the above were written for John Masefield’s theatre). * Charles Villiers Stanford wrote incidental music for Attila in 1907. References Wikipedia—https://en.wikipedia.org/wiki/Laurence_Binyon




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